samedi 30 août 2014

Le traumatisme du califat


par Daniel Pipes
Aydınlık Daily (Turquie)
24 août 2014

Version originale anglaise : The Caliphate Brings Trauma
Traduction française : Johan Bourlard


De façon inattendue, l’antique et impuissante institution du califat a été restaurée le 29 juin 2014. Que laisse présager cet événement ?

La conception classique du califat, à savoir un unique successeur de Mahomet gouvernant un État islamique unifié, a subsisté à peine un siècle pour se terminer avec l’apparition de deux califes en l’an 750 de l’ère chrétienne. La puissance califale s’est effondrée aux environs de l’an 940 et, après avoir vivoté pendant une longue période, l’institution a fini par disparaître en 1924. Toutes les tentatives de restauration qui ont eu lieu par la suite, comme celle du Kalifaatstaat autoproclamé à Cologne en Allemagne, ont échoué. Autrement dit, le califat est inopérant depuis environ un millénaire et inexistant depuis près d’un siècle.

En juin, l’organisation dénommée État islamique en Irak et en Syrie a conquis la ville de Mossoul peuplée de 1,7 million d’habitants. Quelques jours plus tard, elle a adopté le nom d’État islamique, a proclamé la restauration du califat et a installé sa capitale dans la cité historique de Raqqa, en Syrie. Ce choix n’est pas un hasard puisque cette ville de 220.000 âmes fut la capitale du calife Haroun Al-Rachid pendant 13 ans. Sous l’autorité d’un Irakien nommé Ibrahim Awwad Ibrahim, le nouveau califat a pour ambition démesurée de gouverner toute la terre (« orient et occident ») et d’imposer à tous une version primitive, fanatique et violente de la loi islamique.

J’ai annoncé que malgré son apparition spectaculaire, cet État islamique ne survivra pas : « confronté à la double hostilité de ses voisins, (il) ne survivra pas ». Dans le même temps je pense qu’il laissera un héritage.

« Peu importe le sort calamiteux du calife Ibrahim et de sa troupe sinistre, en faisant à nouveau du califat une réalité, ils ont réussi à ressusciter une institution fondamentale de l’islam. Désormais, les islamistes du monde entier porteront haut ce moment de gloire brutale et s’en inspireront. »

Voici ce à quoi je m’attends plus précisément dans l’avenir concernant le legs de l’actuel califat :

1. Maintenant que la glace est brisée, d’autres islamistes ambitieux vont se montrer plus audacieux et se proclamer calife avec le risque de prolifération du phénomène dans des régions allant du Nigéria ou de la Somalie à l’Afghanistan ou l’Indonésie, voire au-delà.

2. La proclamation d’un califat a des implications majeures : elle permet d’exercer un attrait sur les djihadistes de toute la oumma (la communauté formée par l’ensemble des musulmans dans le monde) mais elle contraint aussi le califat à établir son autorité souveraine sur un territoire.

3. Depuis la disparition effective du califat en 1924, c’est l’État saoudien qui a repris, en quelque sorte, le rôle de calife. Avec l’apparition du califat établi à Raqqa, le roi saoudien et ses conseillers seront fortement tentés de proclamer leur propre version du califat. Si l’actuel « Gardien des deux saintes Mosquées » (comme le monarque aime à se faire appeler) qui vient de passer le cap des 90 ans, ne prend pas le titre, ses successeurs le pourraient bien et feraient ainsi advenir le premier califat fondé au sein d’un État reconnu officiellement.

4. La République islamique d’Iran, la grande puissance chiite, pourrait faire de même (en proclamant l’imamat) afin de ne pas se laisser distancer par les sunnites de Riyad et deviendrait alors le deuxième État califal officiel.

5. Cette prolifération de califes va encore renforcer l’anarchie et exacerber l’hostilité au sein des peuples musulmans.

6. La situation va bien vite engendrer les désillusions. Les différents califats ne garantiront ni la sécurité des personnes, ni la justice, ni la croissance économique, et ne produira pas d’avancée culturelle. Les uns après les autres, ces États universels autoproclamés s’effondreront, se feront envahir ou laisseront tomber leurs projets grandioses.

7. La folie des créations de califats prendra fin d’ici quelques dizaines d’années pour laisser se réinstaller les conditions qui prévalaient grosso modo avant le 29 juin 2014. On regardera alors cette période d’éruption califale comme une anomalie anachronique, un obstacle à la modernisation de la oumma et comme un mauvais rêve.

Bref, la proclamation du califat le 29 juin dernier fut un événement majeur : le fait que cette institution dépassée dans les faits depuis longtemps soit restaurée, laisse présager bien des traumatismes.

mardi 26 août 2014

Contesté dans son leadership, le Hamas organise une vague d’exécutions de « collaborateurs »


par IPT News
The IPT Blog
22 août 2014

Traduction française : Johan Bourlard

Vendredi, selon le Jerusalem Post, le Hamas a tué au moins 18 Palestiniens, dont deux femmes, qu’il suspectait de collaborer avec Israël. Ce nombre risque d’augmenter.

Selon plusieurs témoins et un site officiel du Hamas, onze collaborateurs présumés ont été assassinés dans un poste de police de Gaza avant que le Hamas ne procède à l’exécution publique de sept autres Palestiniens. Les victimes ont été tuées par balles en présence d’une foule de fidèles au sortir d’une mosquée, juste après la prière.

Sur la page Facebook d’un Palestinien on pouvait voir la photo de gens qui attendaient en dehors de la ville de Gaza que l’on procède à d’autres exécutions publiques. Amnesty International a publié une déclaration appelant le Hamas à arrêter les meurtres qu’Anne Fitzgerald, Directeur de recherche et de réponse à la crise, décrit comme étant « même plus choquants du fait que les victimes ont été condamnées à mort au terme de procès qui, bien qu’ils aient eu lieu, ont été expéditifs et extrêmement injustes. »

Cette recrudescence d’arrestations et d’exécutions sommaires s’inscrit dans la suite de l’assassinat programmé par Israël de trois hauts dirigeants du Hamas. L’infiltration réussie des services de renseignements israéliens qui a permis ces morts ciblées, a répandu la peur et la méfiance parmi les instances dirigeantes du Hamas. Israël se prépare dès lors aussi à une recrudescence d’attaques de représailles terroristes.

Vendredi, les roquettes du Hamas ont blessé trois personnes dans la synagogue d’Ashdod et ont tué un garçon de 4 ans à Sha’ar Hanegev.

Le Hamas a également arrêté plus de 150 de ses membres pour être interrogés sur des « fuites liées à la sécurité », selon un message de Khaled Abu Toameh posté sur Twitter et citant le site arabe d’actualités Albawaba.

Pendant le conflit à Gaza, le Hamas a exécuté beaucoup d’autres Palestiniens et arrêté nombre de femmes suspectées de travailler pour Israël.

Après avoir décapité un Américain, l’État islamique en menace un autre


par John Rossomando
The IPT Blog
19 août 2014

Traduction française : Johan Bourlard


Les terroristes de l’État islamique se sont fait fort mardi de menacer de tuer des Américains si le président Obama venait à lancer des attaques aériennes contre des bastions terroristes en Irak.

Les djihadistes ont publié la vidéo d’un Américain identifié comme étant James Wright Foley, 40 ans, décapité alors qu’il portait une combinaison orange semblable à celles portées par les détenus de la baie de Guantanamo. Foley, journaliste et photographe indépendant originaire de Rochester (New Hampshire), travaillait pour l’Agence France Presse lorsqu’un « gang organisé » l’a enlevé dans un cybercafé situé à Binesh, en Syrie, le 22 novembre 2012.

Un djihadiste masqué entièrement vêtu de noir apparaît sur une image vidéo en train de couper la tête de Foley au moyen d’un couteau. La vidéo a été enlevée rapidement.

Un message posté sur Twitter montrant une photo de la décapitation, s’adresse sur un ton de reproche au président Obama : « Regarde Obama. C’est toi qui as tué cet homme. »

La vidéo débutait par l’annonce par Obama de frappes aériennes contre l’État islamique et se terminait par les mots « Message à l’Amérique » et l’apparition de Foley agenouillé à côté du djihadiste.

« J’appelle mes amis, ma famille et ceux que j’aime à se révolter contre mes véritables meurtriers, le gouvernement américain » a déclaré Foley avant son exécution. « Ce qui va m’arriver n’est que le résultat de leur attitude coupable et criminelle. J’ai un message pour mes parents bien-aimés : N’acceptez pas la moindre compensation pour ma mort de la part de ces gens qui m’ont eux-mêmes porté le coup de grâce en lançant récemment leur campagne aérienne en Irak. »

Foley a ensuite exhorté son frère, John, qui sert dans la US Air Force, à penser aux vies qu’il détruit et à la décision d’Obama de bombarder l’Irak. « Lorsque tes collègues ont lâché cette bombe sur ces gens, ils ont signé mon arrêt de mort » a dit Foley.

Le djihadiste fustige alors le gouvernement américain à propos de son « agression » de l’État islamique, en disant que l’US Air Force s’attaque chaque jour aux troupes de l’EI en Irak et fait des victimes parmi les musulmans.

« Vous n’êtes plus en train de combattre une insurrection. Nous sommes à présent une armée et un État islamiques acceptés par un grand nombre de musulmans à travers le monde », a déclaré le djihadiste à l’accent anglais avant de tuer Foley. « Toute agression contre l’État islamique est une agression contre les musulmans du monde entier qui ont accepté le califat islamique comme leur autorité. »

Il conclut en disant à Obama que sa décision de priver les musulmans vivant dans l’État islamique, de leur droit de vivre dans la sécurité, aura pour conséquence le massacre d’Américains.

La vidéo se termine par l’image du djihadiste debout à côté d’un autre Américain identifié comme étant Steven Joel Sotloff. Ce dernier, originaire de Pinecrest en Floride et auteur d’articles pour le magazine Foreign Policy, apparaît vêtu de la même combinaison orange que celle de Foley. Le sort de Sotloff est dans les mains d’Obama, selon le djihadiste.

Un message posté sur Twitter à partir du compte @ Aldawlawy, indique en montrant Sotloff sous la menace : « Message à l’# Amérique de la part du Califat @ BarackObama : la vie de cet [autre] Américain dépend de vous # EIIL. »

dimanche 24 août 2014

Pays-Bas : un maire annule une manif contre l’EIIL qu’il juge trop provocante


par Abigail R. Esman
The IPT Blog
14 août 2014

Traduction française : Johan Bourlard

Alors que les djihadistes de l’État islamique (EI) mènent leurs combats en Syrie et en Irak, décapitant soldats et civils et entraînant des enfants au djihad, leurs partisans en Europe souhaitent la « mort aux juifs » et appellent à verser le sang des infidèles.

Il semble à présent que certains dirigeants européens refusent de riposter.

La situation est devenue particulièrement controversée dans la capitale néerlandaise, La Haye, où les manifestations de soutien à l’EI en juillet ont donné lieu à des slogans antijuifs et à l’agression violente d’une journaliste couvrant l’événement. Voyant la haine antijuive et la violence s’intensifier, des témoins et des associations juives ont fait appel au bureau du maire pour qu’il intervienne. Mais le maire Josias van Aartsen était en vacances et son adjoint qui le remplaçait n’a pas jugé bon d’intervenir.

Les habitants de La Haye, par contre, ne l’ont pas entendu de cette oreille : le 10 août un groupe dénommé « Pro-Patria » a organisé sa propre « marche pour la liberté » dans le même quartier en grande partie musulman (le Schilderswijk) où avaient eu lieu deux manifestations de soutien à l’EI. Selon un organisateur, l’objectif était de montrer « que ce qu’on appelle le Triangle de la Charia est toujours un territoire néerlandais où prévalent la loi et le droit néerlandais. » (Le Schilderswijk a fréquemment été désigné dans la presse néerlandaise comme le « Triangle de la Charia »)

Il s’agissait peut-être là d’une idée naïvement optimiste : la manif venait à peine de commencer quand des habitants pro-EI ont commencé à agresser les manifestants par des jets de pierres et des coups de poings. Six personnes ont été arrêtées.

Le maire van Aarsten, toujours en villégiature en France, n’a pas réagi.

Finalement, il a été rappelé à La Haye pour s’expliquer sur sa réaction (ou plutôt son absence de réaction) juste au moment où une nouvelle marche pour la liberté contre l’EI est prévue dans le Schilderswijk. Mais cette fois, pour le maire, c’en est trop. « Plus aucune manifestation contre l’islam radical n’aura lieu dans le Schilderswijk », a-t-il déclaré à son retour à La Haye, jeudi. « Trop provocant ».

Autrement dit, l’appel au meurtre de Néerlandais non musulmans et au gazage des juifs lancé par des musulmans radicaux est un comportement que le maire van Aartsen juge acceptable. Mais une manifestation contre ce genre de discours ne l’est pas au motif que cela pourrait occasionner trop de violence. « Interdisez-là », a-t-il dit, un peu comme si en interdisant les minijupes on serait bientôt débarrassé des viols.

Van Aartsen n’est pas le seul coupable, loin de là. Les efforts entrepris pour éviter toute « offense » à l’égard des musulmans sont devenus monnaie courante en Europe, où les célébrations de Noël sont rabotées et les musées d’art connus pour censurer des œuvres potentiellement « choquantes » pour les musulmans. Plus tôt dans la semaine, les autorités de Belfast ont fait enlever la plaque commémorative sur la maison natale de l’ancien président israélien Chaïm Herzog « en raison d’une série d’agressions ».

Ah bon ? Est-ce comme cela qu’on répond à la violence, au racisme, aux menaces contre nos foyers, nos vies et nos valeurs ? Ou l’Europe a-t-elle perdu de vue la sens des valeurs et la raison de leur importance ?

Jeunes djihadistes européennes : quand l'adolescence rebelle tue

Ma traduction de l'article d'Abigail R. Esman, publié le 14 août 2014

À l'instar de nombreuses filles de son âge, Moezdalifa El Adoui, 15 ans, a quitté la maison familiale un après-midi d'été sans prendre la peine de dire au revoir. Mais contrairement à d'autres ados, ce n'était pas pour aller en ville faire du lèche-vitrine ou rencontrer des amis. La jeune Hollando-marocaine au sourire radieux faisait route vers la Syrie afin de participer au djihad.

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Le CAIR ment-il à propos d'un rassemblement pro-Hamas?

Ma traduction de l'article de Daniel Pipes, publié le 22 août 2014

Le 20 juillet, un rassemblement organisé dans la ville de Miami pour « arrêter le massacre de Gaza », s'est signalé par des slogans islamistes agressifs, typiques des manifestations anti-israéliennes. En anglais, les manifestants hurlaient « Nous sommes le Hamas ! » et « Nous sommes le Djihad » (comme on peut le voir et l'entendre ici). En hébreu, un partisan du Hamas criait « Fils de pute » et « Va en enfer ! » en s'adressant à un partisan d'Israël tout en faisant un geste obscène avec le bras. En arabe, la foule scandait l'infâme « Khaybar, Khaybar, ô Juifs, l'armée de Mahomet va revenir ! » (en référence au massacre de juifs organisé sous les auspices du prophète de l'islam en l'an 629).

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vendredi 15 août 2014

La guerre à Gaza et ses enseignements

Ma traduction de l'article de Daniel Pipes, publié le 9 août 2014

Au moment où les opérations israéliennes contre le Hamas touchent à leur fin, voici sept points de réflexion à propos de ce conflit qui a duré un mois...

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mardi 12 août 2014

Le sentiment religieux des Américains et leur opinion sur Israël

Ma traduction de l'article de Daniel Pipes, publié le 5 août 2014

Quel rôle la religion joue-t-elle dans l'attitude des Américains vis-à-vis d'Israël ? Une analyse réalisée par Frank Newport, rédacteur en chef chez Gallup Inc., passe en revue 14 sondages effectués par Gallup entre 2001 et 2004 dans lesquels on pose aux personnes interrogées cette même question : « Étant donné la situation actuelle au Moyen-Orient, avez-vous plus de sympathie pour les Israéliens ou pour les Palestiniens ? Les résultats sont différents de ce à quoi on pouvait s'attendre.

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lundi 11 août 2014

Le moment brutal du calife Ibrahim

Ma traduction de l'article de Daniel Pipes, publié le 5 août 2014

Après une absence de 90 ans, l'antique institution du califat a été ramenée à la vie tambour battant le premier jour du Ramadan de l'année 1435 de l'Hégire qui correspond au 29 juin 2014. Cette renaissance étonnante vient symboliquement couronner l'essor de l'islamisme entamé voici 40 ans. Une situation comparable en Occident serait la restauration de l'empire des Habsbourgs qui fondait sa légitimité sur la Rome antique.
Mais d'où vient cette audace ? Le califat est-il durable ? Et quel sera son impact ?

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vendredi 1 août 2014

Dans quelle mesure les musulmans sont-ils islamiques

Ma traduction de l'article de Daniel Pipes, publié le 28 juillet 2014

La loi islamique exige beaucoup des musulmans. Dans quelle mesure ceux-ci parviennent-ils à respecter ses préceptes ?

Sheherazade S. Rehman et Hossein Askari de la Georgetown University ont tenté de répondre à cette question dans un article paru en 2010 « How Islamic are Islamic Countries ? » et dans lequel ils définissent les enseignements de l'islam pour ensuite calculer dans quelle mesure ces enseignements sont appliqués dans 208 pays et territoires. Ils postulent quatre indices distincts (économie, droit et gouvernance, droits de l'homme et droits politiques, relations internationales) qu'ils combinent ensuite en un seul indice général qu'ils appellent IslamicityIndex (NdT Indice d'islamité).

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