jeudi 19 mars 2015

Pourquoi le monde politique affirme-t-il que l'islam n'a rien à voir avec la violence ?

par Daniel Pipes
The Washington Times
9 mars 2015
Version originale anglaise: Why Politicians Pretend Islam Has No Role in Violence
Adaptation française: Johan Bourlard
Des responsables politiques non-musulmans de premier plan se sont évertués à nier le rapport évident qui unit l'islam à des phénomènes tels que l'État Islamique (EIIL) et la violence islamiste perpétrée à Paris et à Copenhague. Certains sont même allés jusqu'à prétendre que ces phénomènes sont contraires à l'islam. Qu'espèrent-ils donc en proférant de telles contrevérités et quel est le sens de tels discours ?
(Lire la suite ICI)

dimanche 15 mars 2015

Nouvelle édition de mon livre (Le Jihâd)

Le Jihâd. Les textes fondateurs de l'islam face à la modernité, Editions de Paris, 2015.

Publié pour la première fois en 2008, mon livre sur le jihâd traite d'un thème qui reste à la une de l'actualité.

C'est pourquoi j'ai décidé de le faire publier à nouveau après l'avoir revu et complété à la lumière des derniers événements dans le monde.

Pour le commander, voir le site des Editions de Paris : http://www.editions-de-paris.com/ouvrages/collection-studia-arabica/le-jihad-cp35167.html

mardi 3 mars 2015

La guerre civile en Syrie, source de stabilité pour la région


Par Daniel Pipes
The Washington Times
26 février 2015

Version originale anglaise : Syria’s Civil War Could Stabilize Its Region
Traduction française : Johan Bourlard

Les bouleversements démographiques causés par quatre années de guerre civile en Syrie ont profondément changé la Syrie et ses trois voisins arabophones que sont l’Irak, le Liban et la Jordanie (la Turquie et Israël ont changé aussi mais dans une moindre mesure). Face aux tragédies et aux horreurs, et alors que les populations s’adaptent aux impératifs cruels du nationalisme moderne, les quatre pays sont – ironie de l’histoire – en train de gagner en stabilité, en raison des combats qui ont poussé les gens à passer d’un statut de minorité ethnique à celui de majorité, encourageant chacun à vivre avec ses semblables.

Avant de se pencher sur chacun des ces quatre pays, faisons un peu d’histoire :

Tout d’abord, à l’instar des Balkans, le Moyen-Orient présente l’une des situations ethniques, religieuses, linguistiques et nationales les plus complexes et les plus instables au monde. C’est un endroit où les alliances transfrontalières compliquent profondément la politique locale. Si les Balkans ont déclenché la Première Guerre mondiale, le Moyen-Orient pourrait provoquer la Troisième.

Ensuite, les tensions historiques entre les deux grands courants de l’islam, les sunnites et les chiites, s’étaient largement estompées avant l’arrivée au pouvoir de l’Ayatollah Khomeiny en 1979. Ce sont les coups de boutoir de Téhéran qui les ont ravivées.

En outre, quand les puissances européennes impérialistes ont redessiné la plupart des frontières du Moyen-Orient, elles n’ont pratiquement tenu aucun compte de l’identité des peuples qui vivaient dans la région, préférant se concentrer sur les fleuves, les ports et les ressources qui servaient leurs intérêts économiques. Avec pour résultat le désordre actuel de pays définis un peu au hasard (comme la Jordanie).

Enfin, les Kurdes ont été les grands perdants de la redéfinition des frontières il y a un siècle. Par manque d’intellectuels capables de défendre leur cause, ils se sont retrouvés divisés entre quatre États différents où ils ont partout été persécutés. Aujourd’hui, ils sont organisés et prêts pour l’indépendance.

Passons à présent à l’état de la Syrie et de ses voisins arabes (en nous inspirant de l’article de Pinhas Inbari, “Demographic Upheaval : How the Syrian War is Reshaping the Region” [Bouleversement démographique : comment le conflit syrien redessine la région]).

Il est frappant de voir combien la Syrie et l’Irak ont subi les mêmes évolutions. Après la disparition de dictateurs monstrueux en 2000 et 2003, les deux pays se sont chacun divisés en trois entités ethniques, à savoir les Arabes chiites, les Arabes sunnites et les Kurdes. Alors que Téhéran domine les deux régimes d’inspiration chiite, plusieurs États à majorité sunnite (Turquie, Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Qatar) soutiennent les rebelles sunnites. Les Kurdes se sont retirés des guerres civiles arabes pour bâtir leurs propres zones d’autonomie. Les dictatures autrefois ambitieuses n’ont mis sur pied pratiquement aucune politique étrangère viable. De plus, la frontière séculaire entre la Syrie et l’Irak a en grande partie disparu.

La Syrie. La zone syrienne qui demeure sous le contrôle de Bachar Al-Assad devient de plus en plus chiite. Selon des estimations, 50 % des 22 millions d’habitants que comptait la Syrie avant le début de la guerre, ont été chassés de leurs foyers. Parmi eux, les 3 millions de réfugiés, la plupart sunnites, qui ont fui le pays ne rentreront probablement pas non seulement parce que la guerre civile se poursuit mais aussi parce que le régime d’Assad les a déchus de leur nationalité. Il apparaît également que le régime a volontairement réduit son contrôle sur la zone frontalière avec la Jordanie dans le but d’encourager les sunnites à fuir la Syrie. Selon certaines sources, le régime a utilisé comme autre stratagème en vue d’augmenter la population chiite, l’accueil et la réinstallation d’environ 500.000 chiites irakiens dont certains ont même reçu la nationalité syrienne.

L’Irak. La guerre civile en Syrie a donné à l’État Islamique (ou EIIL/EIIS) l’occasion de pénétrer en Irak et de prendre des villes comme Falloujah et Mossoul, avec pour conséquences l’exode de non-sunnites (surtout des chiites et des Yézidis) et un redécoupage de l’Irak selon des critères ethniques. Étant donné le mélange de populations qui caractérise le pays, particulièrement dans la région de Bagdad, il faudra des années voire des décennies avant que le tri ne s’opère entre les différents groupes. Toutefois, c’est un processus qui semble inexorable.

Le Liban. Les sunnites sont en train de se renforcer et de contrecarrer l’influence iranienne. Les millions de réfugiés sunnites en provenance de Syrie constituent désormais 20 % de la population du pays, soit un quasi-doublement de la communauté sunnite. Par ailleurs, le Hezbollah, l’organisation chiite dominante au Liban, est en train de négliger sa base et de perdre de son influence dans le pays en combattant en Syrie au profit du régime d’Assad.


La présence de miliciens du Hezbollah en Syrie réduit l’influence de l’organisation dans son propre pays, le Liban.

La Jordanie. L’afflux récent de réfugiés syriens a été précédé d’une vague d’environ un million de réfugiés irakiens. Ensemble, ces deux nouveaux groupes ont fait baisser la proportion de Palestiniens en Jordanie au point que ces derniers ne constituent probablement plus la majorité de la population du pays. Ce changement a des conséquences politiques majeures : d’une part, il réduit la menace potentielle représentée par les Palestiniens pour la monarchie hachémite, d’autre part il met à mal le raisonnement soutenu par certains Israéliens et qui consiste à assimiler Jordanie et Palestine.

En résumé, l’Irak et la Syrie voient leurs contours redéfinis par leurs composantes religieuses et ethniques, le Liban voit sa communauté sunnite se renforcer et la Jordanie sa communauté palestinienne s’affaiblir. Aussi terrible que puisse être son coût humain, la guerre civile en Syrie pourrait, à long terme, transformer le Moyen-Orient en une zone moins explosive et moins propice au déclenchement d’une Troisième Guerre mondiale.

dimanche 1 mars 2015

Mais qui donc doit s’adapter au nom de la tolérance ?


Par Phyllis Chesler
Special to IPT News
19 février 2015

Traduction française : Johan Bourlard

Shadi Hamid, membre du Center for Middle East Policy [Centre pour la politique au Moyen-Orient] de la Brookings Institution, a récemment critiqué l’Occident, jugé « antilibéral » pour avoir refusé d’accepter le fait que les musulmans, en Occident et ailleurs dans le monde, sont différents des Occidentaux.

Ce raisonnement pour le moins inhabituel a fait l’objet d’un article de 3400 mots dans The Atlantic.

Le président Obama a beau insister sur le fait que « la lutte contre le terrorisme n’est pas une guerre religieuse », Hamid semble ne pas être d’accord avec lui.

Et si l’on en croit plusieurs sondages, c’est Hamid qui a raison. À titre d’exemple, alors qu’un sondage Gallup de 2009 montre que l’immense majorité des musulmans européens rejette la violence, ceux-ci sont bien plus religieux que les autres habitants de l’Europe sécularisée (France, Angleterre, Allemagne) et sont plus vivement opposés à l’homosexualité que ne le sont les Européens laïcisés. En outre, les jeunes hommes musulmans européens des deuxième et troisième générations, sont favorables au port du voile pour les femmes, à la polygamie, à l’exécution des apostats et à l’interdiction faite aux femmes musulmanes d’épouser un non-musulman.

Les musulmans sont plus susceptibles de considérer « le blasphème comme inacceptable », écrit Hamid. Il décrit les musulmans comme « profondément conservateurs » et comme des partisans, à des degrés divers, de « l’application de la loi islamique ».

L’Occident libéral croit en la liberté de tout critiquer, notamment la religion, en commençant par le judaïsme et le christianisme. L’extension à l’islam de ce droit à la critique, à la satire et à l’étude a provoqué des crises majeures du côté musulman.

Les exposés originaux et savants sur l’histoire et les pratiques de l’islam scandalisent et ne sont dès lors pas permis, surtout quand ces manifestations sont le fait d’infidèles. Poursuites en justice, tentatives d’assassinats, lynchages et assassinats politiques ont constitué la réponse de l’islamisme radical aux livres, aux films, aux conférences et aux caricatures qui analysent l’apartheid sexiste et religieux de l’islam.

Les reportages sur la banalisation de phénomènes tels que les violences faites aux femmes et aux filles, les mariages d’enfants, le port du voile et les mariages forcés, la polygamie, la pédophilie, les mutilations génitales féminines et les crimes d’honneur ont suscité des protestations pour « islamophobie » et « blasphème ».

Récemment, lors d’une conversation, Mordechai Kedar, Israélien arabisant et expert en contre-terrorisme, disait : « Pourquoi se scandaliser à un tel point pour une caricature si ce n’est parce qu’on croit que cette caricature dit la vérité ? Ils sont en colère parce que c’est la vérité. »

Selon un sondage du Pew réalisé en 2006, 79 % des Français musulmans imputaient la responsabilité de l’affaire des caricatures de 2005 au « manque de respect pour la religion islamique » de la part des nations occidentales. La population en général critiquait « l’intolérance des musulmans ».

Ceci est complètement étranger à la culture occidentale post-moderne. De nombreux musulmans sont très clairs sur cette question.

Hamid écrit que les Français musulmans « sont plus enclins à croire que les attaques contre le Prophète Mohammed et contre le Coran devraient être punissables en tant que discours de haine et incitation à la haine, à l’instar de la négation de l’Holocauste. »

Cette comparaison fallacieuse est choquante mais familière. Les antisémites et les islamistes minimisent l’Holocauste auquel ils ne croient pas mais jalousent profondément les Juifs en tant que victimes de cet Holocauste. Ils convoitent ce qu’ils croient être un statut de victime sainte que les Juifs auraient soi-disant acquis par la ruse. Les islamistes ont inventé cette fausse accusation qu’est « l’islamophobie ». Ils ont également fait des Palestiniens les « nouveaux Juifs » et désigné les Juifs israéliens comme les « nouveaux nazis ».

Malheureusement, de nombreux Européens ont souscrit à cette vision mortifère dans l’espoir qu’en agissant de la sorte ils apaiseraient leurs concitoyens musulmans hostiles et en mal d’intégration. En outre l’antisémitisme européen latent s’est trouvé un nouveau débouché dans l’antisionisme qui est en fait le nouvel antisémitisme.

Les musulmans sont-ils la cible de fausses accusations voire de persécutions ? Cette question est-elle pertinente à une époque où la barbarie exercée par des musulmans sur d’autres musulmans, sur les infidèles et sur les femmes ne connaît aucune limite, aucune frontière et dépasse l’entendement ?

Néanmoins le concept fallacieux d’islamophobie – brandi le plus souvent comme arme défensive dans le cadre de discussions sur l’idéologie de l’islam radical – est devenu l’égal d’autres concepts, bien réels ceux-là, comme l’homophobie, le sexisme et l’antisémitisme. Malgré le constat du FBI qui montre que les crimes motivés par la haine touchent bien plus les juifs que les musulmans, ces derniers continuent à insister sur le fait qu’ils sont pris pour cibles sur le plan racial et religieux.

L’islamophobie est pire que l’antisémitisme selon Hatem Bazian, fondateur du mouvement des Étudiants pour la Justice en Palestine et directeur du Center for Race and Gender’s Islamophobia Research & Documentation Project basé à Berkeley dans un rapport de 2011 publié sous le patronage, entre autres, du Council on American-Islamic Relations (CAIR).

Bazian concluait que, sur une échelle de 1 à 10 (de la meilleure à la pire situation pour les musulmans) « l’islamophobie » en Amérique se situe à 6,4. On ne sait comment réagir face à ces conclusions aussi insolentes que stupides.

À l’échelle mondiale, les islamistes exigent de l’Occident qui a réussi à séparer la religion et l’État, non seulement d’accepter à l’étranger un État agressif qualifié de théocratique mais aussi d’accueillir un tel État sur son propre sol.

Selon l’opinion de Hamid, le véritable « courage moral » consisterait, en France, à ce qu’un « parti politique de premier plan » appelle à « repenser la laïcité et élargir plutôt que restreindre l’identité nationale française. »

Lancer à l’Occident « tolérant » le défi d’accueillir un Islam intolérant est la méthode éprouvée qu’utilisent les islamistes pour prendre l’Occident à son propre piège. Les islamistes raffinés essaient d’utiliser les lois post-modernes pour obtenir le droit d’user de pratiques barbares et moyenâgeuses tandis que les dirigeants politiques et l’intelligentsia de l’Occident sont en train de frayer avec le suicide culturel et de soutenir la barbarie plutôt que la civilisation.

Phyllis Chesler est professeur émérite de psychologie. Elle est l’auteur de 15 ouvrages dont The New Anti-Semitism [Le nouvel antisémitisme] et An American Bride in Kabul [Une jeune mariée américaine à Kaboul]. Membre du Middle East Forum, elle écrit régulièrement pour Israel National News et Breitbart. Elle est en outre l’auteur de trois études pionnières sur les crimes d’honneur.