Par Steven Emerson
IPT News
4 mai 2015
Traduction
française : Johan Bourlard
Selon ce qu’a rapporté une source policière à
l’Investigative Project on Terrorism, la fusillade qui a éclaté ce dimanche
lors d’un concours de caricatures de Mahomet organisé à Garland, au Texas,
apparaît comme la suite on ne peut plus logique d’une « avalanche sans
précédent » de messages malveillants postés sur les réseaux sociaux,
quelques jours seulement avant l’événement, par des djihadistes du monde entier
appelant à une violence totale qui impliquait le meurtre des organisateurs de
l’événement et de tous ceux qui y assisteraient.
Dimanche soir, les terroristes, identifiés comme étant Elton
Simpson et Nadir Soofi habitant Phoenix (Arizona), ont fait route jusqu’au
Curtis Culwell Center où le concours Muhammad Art touchait à sa fin. À peine
sortis de la voiture de Soofi, ils ont commencé à faire feu avec leurs armes
automatiques, blessant un agent de sécurité non armé.
Selon la police, un agent de la police de la route de
Garland qui était en compagnie du garde blessé a riposté, tuant Simpson et
Soofi.
Le dessin qui a été primé montre une représentation du
prophète musulman Mahomet brandissant une épée et ordonnant : « Tu ne
peux pas me dessiner ! » Ce à quoi la main du caricaturiste répond :
« C’est pourquoi c’est moi qui te dessine. »
L’idée de ce concours est née en partie en réaction à la
conférence de « soutien au Prophète » organisée en janvier par le
Council on American-Islamic Relations (CAIR, Conseil aux relations islamo-américaines) et durant laquelle des
leaders musulmans radicaux venus des quatre coins des États-Unis avaient accusé
ceux qui « diffamaient le Prophète » d’être responsables de la montée
de groupes musulmans extrémistes et de « la haine des musulmans dans le
monde ».
L’événement parrainé par le CAIR s’était tenu à Garland
en janvier dernier, peu après le massacre à Paris des caricaturistes du journal
satirique Charlie Hebdo par des
terroristes musulmans. L’événement organisé par Geller se voulait aussi un
hommage aux victimes des attentats de Paris.
Selon la source de l’IPT, les messages malveillants concernant
l’événement ont commencé à être postés massivement sur les réseaux sociaux environ
trois jours plus tôt. Ils comportaient des incitations au meurtre des
responsables ainsi que des appels à la décapitation et aux assassinats de
masse. Simpson, dont le casier judiciaire montre une sensibilité de longue date
pour les causes djihadistes, a apparemment vu certains de ces messages appelant
à la violence et s’est rendu au Texas dans l’intention de tuer le plus grand
nombre possible de participants à la rencontre de Garland.
On ne sait pas encore ce qui a suscité l’engouement
tardif de certains cercles de djihadistes étrangers pour le rassemblement de
Garland mais les enquêteurs sont certains que, par leur geste, Simpson et Soofi
essayaient de répondre à ces appels au djihad.
À ce stade, les autorités ne croient pas que les
attentats étaient planifiés ou que Simpson et Soofi étaient venus en
reconnaissance au Culwell Center avant de sortir leurs armes et de faire feu.
Si cela avait été le cas, ils auraient découvert que les
organisateurs, bien conscients des risques de violence que comportent des
événements comme le leur, ont déboursé 10.000 dollars pour faire assurer la
sécurité par des agents de police en dehors de leur service. Et ce, sans
compter la sécurité assurée par des unités spécialisées en la matière comme le
FBI.
L’IPT a appris que vendredi, le FBI avait publié un
bulletin d’information au Texas minimisant le risque de voir la violence
éclater. Le bulletin qui n’a pas été rendu public affirmait qu’il n’y avait aux
États-Unis aucun élément d’une quelconque source indiquant une menace crédible
de violence lors du concours-exposition Muhammad Art.
Toutefois, une autre unité de renseignement au Texas a
contesté l’évaluation du FBI en publiant un tout autre avertissement faisant
état d’un « grand nombre de messages postés sur les réseaux sociaux depuis
l’étranger et qui incitent à la violence » notamment des incitations de
sympathisants islamistes en Europe à « détruire le Texas ».
La forte présence policière à Garland sur les lieux du
concours est une mesure de précaution qui a empêché les terroristes lourdement
armés de mettre à exécution leur rêve de massacrer tous ceux qui étaient dans
le bâtiment.
Alors que le concours touchait à sa fin, une voiture
s’est ruée vers le Culwell Center et les deux hommes armés ont commencé à tirer
avec leur AK-47. Un agent de la sécurité a été blessé à la jambe mais sa vie
est hors de danger.
Un responsable a confié à l’IPT : « Si cet
agent n’avait pas réagi aussi rapidement, l’issue de cet épisode aurait pu être
bien différente et bien pire que celui survenu à Paris. » D’après un autre
agent, « à ce stade nous ne pouvons pas en être sûrs à 100% mais on dirait
que ces types étaient comme en opération suicide. Ils n’avaient manifestement
pas de plan d’évasion. »
Un message posté sur Twitter quelques minutes avant la
fusillade avec le hashtag « #texasattack » mentionnait ce qui s’avère
être un serment d’allégeance à l’État Islamique accompagné de la demande :
« Puisse Allah nous accepter comme moudjahidines » (ou combattants du
djihad).
Dans un guide de l’État islamique publié récemment en ligne, le groupe
terroriste encourage les musulmans à attaquer les gens qui représentent Mahomet
de façon insultante, ainsi que l’indique cet extrait de How to Survive in the West (« Comment survivre en Occident ») :
« Allah nous le demande. Pourquoi ne combattez-vous
pas un peuple qui n’a pas tenu son engagement de paix (avec les musulmans) et
qui ensuite a insulté notre religion (en faisant la promotion de
représentations offensantes du Prophète Mahomet) et s’est attaqué à vous en
premier ? »
Geller et Robert Spencer, co-organisateurs de
l’événement, ont été immédiatement placés sous protection policière (Wilders avait déjà quitté les lieux)
et le périmètre autour de la voiture et des corps des auteurs a été bouclé.
En 2010 Simpson avait été accusé d’avoir menti au FBI sur
ses projets de voyage en Somalie en vue d’y rejoindre le groupe terroriste des
Shebab. En 2011, il a été condamné pour cela mais son casier montre qu’il n’a
écopé que d’un sursis probatoire de trois ans assorti d’une mise en liberté
sous surveillance. Après sa condamnation, il a pu récupérer son passeport à la
suite d’une requête introduite auprès de la cour par son avocat.
Toutefois différents éléments de l’enquête montrent que
Simpson parlait de martyre et de djihad contre l’Occident depuis des années. D’après
une décision rendue en 2011 par le juge fédéral américain Mary Murguia, il avait
attiré l’attention du FBI dès 2006, en raison de ses liens avec une personne
suspectée d’avoir tenté d’établir une cellule terroriste en Arizona.
Le FBI a chargé un informateur de se faire l’ami de
Simpson et d’enregistrer leurs conversations. Selon le juge Murguia, Simpson a
raconté à l’informateur qu’Allah aime ceux qui « vont combattre (les
non-musulmans) » et font de durs sacrifices comme vivre dans des caves et
dormir sur la pierre plutôt que de vivre avec femme, enfants et belles voitures
et dormir dans des lits confortables ». Si on est tué, « c’est tout
droit (au paradis) », selon Simpson. « (Le paradis), c’est pourquoi
on est ici… alors pourquoi ne pas prendre cette route ? »
En 2009, Simpson a révélé qu’il voulait aller en Somalie
pour y faire le djihad. « Il est temps », disait-il. « Je te le
dis, mec… On va aller au front… il est temps qu’on s’engage… Des gens qui
combattent et qui tuent tes enfants et qui lâchent des bombes sur des gens qui
n’ont rien à voir avec tout ça. Il faut riposter, on ne peut pas rester assis
là à se faire des sourires. »
Environ un mois plus tard, Simpson « disait qu’il
était fatigué de vivre parmi les non-musulmans », indique Murguia.
« M. Simpson a également déclaré que les non-musulmans combattent Allah et
que son argent et les taxes qu’il paie sont destinés à les armer. »
L’Investigative Project on Terrorism a appris que les
deux hommes étaient impliqués dans des activités liées à l’islam radical. Même
si on en sait beaucoup moins à propos de Soofi, sa page Facebook contient des
commentaires qui critiquent la police, louent le Hamas et montrent une haine profonde
à l’égard d’Israël.
Le FBI et la police de Phoenix sont en train de passer
l’appartement des hommes au peigne fin. Ils examinent aussi attentivement leurs
ordinateurs et leurs téléphones portables et prennent contact avec toutes leurs
connaissances et leurs proches.
Geller a déclaré à l’Investigative Project on
Terrorism : « Cet incident montre qu’un tel événement était d’une
nécessité impérieuse et d’autant plus sous cette forme-là. Face à
l’intimidation violente, nous devons œuvrer en faveur de la liberté
d’expression sous peine de voir cette liberté disparaître. »