dimanche 5 mai 2019

Le jeûne du Ramadan, entre réjouissances et contrainte

En cette année 2019, le lundi 6 mai marque le début du Ramadan, ce mois de l'année islamique durant lequel les musulmans pubères et en bonne santé sont astreints à un jeûne diurne de 29 ou 30 jours. Concrètement, il leur est interdit, de l'aube au crépuscule, de manger, de boire, de fumer et d'avoir des relations sexuelles.



Durant ce mois, chaque soir est marqué par la rupture du jeûne (iftar), un moment au cours duquel on se réunit en famille ou entre amis autour d'un repas festif. Le dernier soir, l'ultime rupture donne lieu à une grande fête (Aïd al-Fitr ou Fête de la rupture) comparable, en termes de réjouissances et de convivialité, à la fête chrétienne de Noël.

Quatrième des cinq piliers de l'islam, le jeûne (siyam ou sawm) du Ramadan trouve son fondement légal dans la première source majeure de la loi islamique (charia) : le Coran.

Dans son deuxième chapitre (sourate), le Coran, qui selon le dogme islamique est la parole d'Allah, prescrit un jeûne
- obligatoire (verset 183 : kutiba 'alaykum al-siyâm : on vous a prescrit le jeûne) ;
- dès l'apparition de la nouvelle lune de Ramadan, mois de la révélation du Coran (verset 184) ;
- diurne, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus distinguer un fil blanc d'un fil noir (verset 187).

Avec le temps, le jeûne est malheureusement devenu une contrainte sociale parfois pesante et menaçante si bien qu'aujourd'hui encore, on voit, dans plusieurs pays de culture islamique, des non-jeuneurs inquiétés par la police ou certains "croyants" et, là où les prescriptions de la charia relatives au jeûne ne s’appliquent pas, comme en Europe occidentale, on constate malheureusement certains excès de zèle de la part de jeûneurs excédés de voir dans les rues de leurs quartiers certains passants en train de manger, de boire ou de fumer en plein jour.

Ces tensions illustrent toute la difficulté qu'il y a de faire de cette pratique collective devenue une contrainte sociale confinant parfois au fanatisme, une pratique individuelle relevant de la liberté de chaque croyant et croyante.


N.B. La sourate 2 prescrit dans les mêmes termes le principe du talion (qisâs, v.178), le jeûne du Ramadan (v.183) ainsi que le combat (qitâl, v.216), ce dernier étant devenu par la suite une obligation collective et non plus individuelle (sourate 9, v.122).