mardi 10 février 2015

L’Europe déjà sur la brèche un mois après Charlie Hebdo


Par Abigail R. Esman
Special to IPT News
9 février 2015

Traduction française : Johan Bourlard

Cela n’aura pas duré longtemps.

Moins d’un mois après le massacre contre Charlie Hebdo et le meurtre de quatre juifs dans un hypermarché casher de Paris, l’État islamique (IS) a envoyé un nouveau message d’avertissement adressé cette fois à la Belgique. Dans une lettre écrite au quotidien belge Het Laatste Nieuws (HLN), l’EI affirme que « cela ne fait que commencer ».

Cette lettre, reçue par la rédaction du journal le 4 février, renvoie également à une série d’attentats commis en France avant les massacres de Paris : « Ce qui s’est passé en France va se répéter en Belgique » indique dans un français parfait la lettre dactylographiée qui ajoute « L’EI va conquérir l’Europe depuis la Belgique ».

Selon HLN, les responsables de la lutte antiterroriste prennent cette lettre au sérieux et croient qu’il s’agit là de l’œuvre d’un djihadiste de l’EI. En outre, ils affirment que l’auteur de la lettre est au courant des événements actuels en Belgique, jusque dans les moindres détails (le texte intégral de la lettre n’a pas été publié).

Le même jour, on apprenait aux Pays-Bas la nouvelle de la mort du djihadiste néerlandais Abu Hanief. Celui-ci venait de se faire exploser à Falloujah, devenant ainsi le quatrième musulman néerlandais à commettre un attentat suicide en Syrie ou en Irak. Âgé de 32 ans, Hanief figurait parmi les meneurs des manifestations pro-État islamique l’été dernier à La Haye durant lesquelles des manifestants ont souhaité la mort aux juifs. Bien qu’arrêté pour incitation à la haine, il a été relâché rapidement. Et bien évidemment, en dépit des efforts du gouvernement pour confisquer ou annuler les passeports de musulmans néerlandais soupçonnés ou sur le point d’aller faire le djihad en Syrie, il s’est échappé peu après en toute discrétion.

Voilà où en est l’Europe aujourd’hui : tiraillée entre d’une part un antisémitisme qui atteint des sommets en France et en Grande-Bretagne et d’autre part des organisations musulmanes qui réclament la mise en place de politiques « anti-islamophobes » et de boycotts contre Israël. Et ce, alors que depuis les attentats terroristes de Paris commis entre les 7 et 9 janvier, les autorités de Wolfsburg, en Allemagne, enquêtent sur une cellule djihadiste liée à l’EI et comptant pas moins de 50 membres, la plupart vivant en Allemagne, et que la police belge a arrêté 15 personnes dans la petite ville de Verviers (56.000 habitants) et plusieurs autres à travers le pays.

On ne s’étonnera pas de voir des musulmans qualifiés de « modérés » refuser désormais de prendre leurs distances par rapport aux actes des terroristes musulmans – y compris les atrocités commises par l’État islamique. On notera le cas de Shabir Burhani, un musulman pratiquant d’une vingtaine d’années, étudiant à l’Université néerlandaise de Leyde, qui déclare : « Nous devons accepter l’islam dans son intégralité et ne pas essayer de l’adapter au gré des époques. La Charia en est une partie intégrante, tout comme le djihad et l’État islamique. » Toutefois Burhani, qui fut le porte-parole de l’organisation Sharia4Holland aujourd’hui dissoute, a déclaré au quotidien néerlandais Trouw qu’il ne considère pas l’État islamique comme un idéal. Ce ne sont pas les meurtres en eux-mêmes qu’il dit rejeter mais bien « la façon dont l’État islamique s’y prend car le fait de les montrer au monde peut se révéler contreproductif. Est-ce que cela sert vraiment l’Islam ? »

Et Burhani n’est pas le seul : dans un forum qui s’est tenu le 16 janvier à Amsterdam, des associations musulmanes ont présenté un manifeste contre l’islamophobie. Publié quelques jours seulement après le massacre de quatre juifs à Paris et six mois après l’exécution de quatre autres juifs à Bruxelles, le document commence par décrire l’antisémitisme aux Pays-Bas – là même où Hanief appelait des centaines d’autres à chanter « Tuez les juifs » – comme un phénomène « bénin » alors que « l’islamophobie ne l’est pas du tout. »

Et quels sont les symptômes de cette « islamophobie » ?

Certains sont des préoccupations légitimes : les jeunes musulmans sont confrontés à des discriminations à l’embauche. Des familles reçoivent des courriers haineux de la part de leurs voisins.

Et quoi d’autre ?

Les gens demandent que les musulmans des Pays-Bas prennent leurs distances par rapport au terrorisme islamiste.

Apparemment cela revient, selon Burhani, à de l’anti-islam.

À présent, la France débat de l’avenir de cette laïcité qui lui est si chère et de l’avenir de celle-ci dans une démocratie qui abrite désormais des millions de musulmans pratiquants dont la religion contredit les idéaux laïcs. Beaucoup pensent apparemment que la démocratie exige la possibilité pour les croyants de pratiquer leurs croyances – toutes les croyances, dans toutes les religions, exigées par leur foi. Cela pourrait suggérer que c’est la laïcité qui est « islamophobe ».

Or si certains croyants exigent que leur croyance domine toutes les autres, y compris au moyen de l’épée, que peut-on faire ? Si Burhani a raison et si les djihadistes et l’EI mettent tout simplement leur religion en pratique, une société démocratique peut-elle légitimement les en empêcher ?

Oui, on le peut et même on le doit. Après tout, la laïcité, pas plus que la démocratie, n’empêche pas les croyants de pratiquer leur foi dans la sphère privée. Ce que nous devons faire, c’est ne pas laisser aux musulmans radicaux et djihadistes l’occasion d’avoir raison de nos belles valeurs démocratiques par le fait que nous avons nous-mêmes détruit celles-ci aveuglément.

dimanche 8 février 2015

Trois soldats français, trois cibles faciles


Par Daniel Pipes
Israel Hayom
4 février 2015

Version originale anglaise : 3 French Soldiers, 3 Sitting Ducks
Traduction française : Johan Bourlard

On vient d’apprendre qu’un autre islamiste ayant émigré du Mali et portant le nom de Coulibaly s’est attaqué lui aussi à une institution juive de France. Le premier Coulibaly, Amedy, avait assassiné quatre juifs dans un hypermarché casher de Paris le 9 janvier dernier. Hier, le second Coulibaly a blessé trois soldats qui assuraient la protection d’un centre communautaire juif à Nice.




Bruxelles, 20 janvier. Deux soldats montent la garde devant le Musée juif où un islamiste avait tué quatre personnes en mai 2014.



Âgé d’une trentaine d’années et connu pour une série de vols et de faits de violence, Moussa Coulibaly, qui n’a apparemment aucun rapport avec Amedy, a, d’après la police, sorti de son sac un couteau d’environ 20 centimètres avec lequel il a blessé l’un des soldats au menton, un autre à la joue et le troisième au bras.

Par le plus grand des hasards, je me trouvais à Nice environ quatre heures avant cet attentat et je m’étais rendu à ce centre juif quelques jours plus tôt, dans le cadre d’une tournée des zones à majorité musulmane effectuée dans dix villes de France et de Belgique. Ces périples, qui m’ont mis à plusieurs reprises en contact avec des militaires lourdement armés et chargés de garder des institutions juives, m’amènent à exprimer mon scepticisme quant à leur présence :

·      Ce sont des militaires, pas des policiers, qui ne sont pas entraînés à ce type de violence urbaine.
·      Ils ont tendance à se laisser distraire par leurs smartphones ou par les jolies filles qui passent par là.
·      Ils tiennent leur fusil d’assaut en bandoulière, ce qui les rend vulnérables face à quelqu’un qui, passant en voiture, leur tirerait dessus.
·      Comme le confirme l’attentat d’aujourd’hui, la protection ostensible qu’ils assurent ne fait que provoquer les islamistes et autres antisémites.
·      Leur mission de protection des institutions juives n’est que temporaire : elle fait suite à l’attentat de l’hypermarché casher du mois dernier et prendra fin dans peu de temps.
·      Ils sont chargés de la protection des seules institutions et non des personnes qui les fréquentent et qui sont plus vulnérables que jamais.

En somme les soldats sont des cibles faciles et leur déploiement n’apporte ni une protection satisfaisante des communautés juives ni de solution au problème plus large de la violence islamiste. Toutefois ils offrent un autre exemple de « mise en scène de la sécurité » qui apporte pour un temps une certaine satisfaction sur le plan émotionnel et le sentiment positif que l’on fait quelque chose.

Toutefois, il n’y aura de véritable solution que dans la prise de mesures plus approfondies et plus durables touchant la nationalité, la politique d’immigration, les programmes d’intégration et le bon fonctionnement de la police.

Mise à jour, 4 février. Certains lecteurs ont livré des commentaires éclairants par rapport à mon analyse :

·      Un ancien officier de la marine française m’informe que « si vous demandiez à un général pourquoi les soldats n’ont pas tiré sur l’assaillant, il éluderait la question parce qu’il ne peut pas mentir mais en fait les soldats n’auraient pas pu tirer car les fusils que vous voyez portés en bandoulière par ces soldats, ont un chargeur vide. Ils n’ont pas de balles ! C’est absurde ! Certains officiers ont un chargeur rempli dans un étui à part, mais pas dans le fusil. Les seuls membres de l’armée autorisés à porter une arme chargée sont les gendarmes. Tous les autres, y compris les soldats, l’infanterie et même les commandos ne sont pas autorisés à porter des armes chargées. C’est ridicule et c’est pourquoi le gouvernement le cache ! »

·      Un lecteur se demande dans quelle mesure les soldats, même armés, sont prêts à tirer : leur arme est-elle déjà chargée ou faut-il encore la charger ? Est-elle prête à faire feu immédiatement ou faut-il enlever la sécurité au préalable ? Est-elle en position automatique ou semi-automatique ?

·      William Mayer de PipeLineNews.com demande « pourquoi ces soldats ont apparemment si peu d’expérience dans le combat au corps à corps. Désarmer un opposant muni d’un couteau est une chose rudimentaire qui est enseignée (aux États-Unis) dans des camps d’entraînement. Même désarmés, trois soldats auraient dû être en mesure de maîtriser un voyou armé d’un simple couteau de boucher. » Hier, il faisait remarquer sur son site que « si l’élite, la crème des forces antiterroristes du pays s’avère incapable d’arrêter une simple attaque lancée par un homme muni d’un couteau, il n’y a pas grand chose pour empêcher de nouveaux attentats de la part de fanatiques islamistes. Le message de faiblesse qui est envoyé relève en effet de la provocation et non de la fermeté. »

En outre, des informations complémentaires ont été publiées sur Moussa Coulibaly. Originaire de Mantes-la-Ville à environ 50 km à l’ouest de Paris, il a été condamné à six reprises entre 2003 et 2012 pour des faits de droit commun, notamment pour vol, usage de stupéfiants et outrage à agent. La plupart de ces éléments reflètent l’inconséquence des services de sécurité français :

·      Il avait déjà été signalé à la police par une salle de sport où il avait fait preuve d’un « prosélytisme agressif » notamment en adoptant un comportement froid envers les femmes et en reprochant à un homme de prendre sa douche nu. Toutefois, la police ne l’a pas placé sous surveillance.

·      Début janvier, il avait acheté un aller simple pour la Turquie. Cet élément ainsi que son comportement et la question de son passeport ont incité un employé de l’aéroport à en informer Air France qui a ensuite appelé la police. Malgré cela, il a été autorisé à se rendre en Turquie.

·      Les services de renseignement français ont demandé aux autorités turques de l’expulser immédiatement vers la France où il a été interrogé le 28 janvier par des agents antiterroristes avant d’être relâché, quelques jours seulement avant l’attentat.