Par Daniel Pipes
Israel
Hayom
4 février 2015
Version
originale anglaise : 3 French Soldiers, 3 Sitting Ducks
Traduction française : Johan
Bourlard
On
vient d’apprendre qu’un autre islamiste ayant émigré du Mali et portant le nom
de Coulibaly s’est attaqué lui aussi à une
institution juive de France. Le premier Coulibaly, Amedy, avait assassiné
quatre juifs dans un hypermarché casher de Paris le 9 janvier dernier. Hier, le
second Coulibaly a blessé trois soldats qui assuraient la protection d’un
centre communautaire juif à Nice.
Bruxelles,
20 janvier. Deux soldats montent la garde devant le Musée juif où un islamiste
avait tué quatre personnes en mai 2014.
Âgé
d’une trentaine d’années et connu pour une série de vols et de faits de
violence, Moussa Coulibaly, qui n’a apparemment aucun rapport avec Amedy, a, d’après
la police, sorti de son sac un couteau d’environ 20 centimètres avec lequel il
a blessé l’un des soldats au menton, un autre à la joue et le troisième au bras.
Par
le plus grand des hasards, je me trouvais à Nice environ quatre heures avant
cet attentat et je m’étais rendu à ce centre juif quelques jours plus tôt, dans
le cadre d’une tournée des zones à majorité musulmane effectuée dans dix villes
de France et de Belgique. Ces périples, qui m’ont mis à plusieurs reprises en
contact avec des militaires lourdement armés et chargés de garder des
institutions juives, m’amènent à exprimer mon scepticisme quant à leur
présence :
· Ce sont des militaires, pas des
policiers, qui ne sont pas entraînés à ce type de violence urbaine.
·
Ils
ont tendance à se laisser distraire par leurs smartphones ou par les jolies
filles qui passent par là.
·
Ils
tiennent leur fusil d’assaut en bandoulière, ce qui les rend vulnérables face à
quelqu’un qui, passant en voiture, leur tirerait dessus.
·
Comme
le confirme l’attentat d’aujourd’hui, la protection ostensible qu’ils assurent
ne fait que provoquer les islamistes et autres antisémites.
·
Leur
mission de protection des institutions juives n’est que temporaire : elle
fait suite à l’attentat de l’hypermarché casher du mois dernier et prendra fin
dans peu de temps.
· Ils sont chargés de la protection
des seules institutions et non des personnes qui les fréquentent et qui sont
plus vulnérables que jamais.
En
somme les soldats sont des cibles faciles et leur déploiement n’apporte ni une
protection satisfaisante des communautés juives ni de solution au problème plus
large de la violence islamiste. Toutefois ils offrent un autre exemple de
« mise en scène de la sécurité » qui apporte pour un temps
une certaine satisfaction sur le plan émotionnel et le sentiment positif que l’on
fait quelque chose.
Toutefois,
il n’y aura de véritable solution que dans la prise de mesures plus approfondies
et plus durables touchant la nationalité, la politique d’immigration, les
programmes d’intégration et le bon fonctionnement de la police.
Mise à jour, 4 février. Certains lecteurs ont livré des
commentaires éclairants par rapport à mon analyse :
· Un ancien officier de la marine
française m’informe que « si vous demandiez à un général pourquoi les
soldats n’ont pas tiré sur l’assaillant, il éluderait la question parce qu’il
ne peut pas mentir mais en fait les soldats n’auraient pas pu tirer car les
fusils que vous voyez portés en bandoulière par ces soldats, ont un chargeur
vide. Ils n’ont pas de balles ! C’est absurde ! Certains officiers
ont un chargeur rempli dans un étui à part, mais pas dans le fusil. Les seuls
membres de l’armée autorisés à porter une arme chargée sont les gendarmes. Tous
les autres, y compris les soldats, l’infanterie et même les commandos ne sont
pas autorisés à porter des armes chargées. C’est ridicule et c’est pourquoi le
gouvernement le cache ! »
· Un lecteur se demande dans quelle
mesure les soldats, même armés, sont prêts à tirer : leur arme est-elle
déjà chargée ou faut-il encore la charger ? Est-elle prête à faire feu
immédiatement ou faut-il enlever la sécurité au préalable ? Est-elle en
position automatique ou semi-automatique ?
· William Mayer de PipeLineNews.com
demande « pourquoi ces soldats ont apparemment si peu d’expérience dans le
combat au corps à corps. Désarmer un opposant muni d’un couteau est une chose
rudimentaire qui est enseignée (aux États-Unis) dans des camps d’entraînement.
Même désarmés, trois soldats auraient dû être en mesure de maîtriser un voyou
armé d’un simple couteau de boucher. » Hier, il faisait remarquer sur son site que « si l’élite, la crème des
forces antiterroristes du pays s’avère incapable d’arrêter une simple attaque
lancée par un homme muni d’un couteau, il n’y a pas grand chose pour empêcher
de nouveaux attentats de la part de fanatiques islamistes. Le message de
faiblesse qui est envoyé relève en effet de la provocation et non de la
fermeté. »
En
outre, des informations complémentaires ont été publiées sur Moussa Coulibaly. Originaire de Mantes-la-Ville à
environ 50 km à l’ouest de Paris, il a été condamné à six reprises entre 2003
et 2012 pour des faits de droit commun, notamment pour vol, usage de
stupéfiants et outrage à agent. La plupart de ces éléments reflètent l’inconséquence
des services de sécurité français :
· Il avait déjà été signalé à la
police par une salle de sport où il avait fait preuve d’un « prosélytisme agressif »
notamment en adoptant un comportement froid envers les femmes et en reprochant
à un homme de prendre sa douche nu. Toutefois, la police ne l’a pas placé sous
surveillance.
· Début janvier, il avait acheté un
aller simple pour la Turquie. Cet élément ainsi que son comportement et la
question de son passeport ont incité un employé de l’aéroport à en informer Air
France qui a ensuite appelé la police. Malgré cela, il a été autorisé à se
rendre en Turquie.
· Les services de renseignement
français ont demandé aux autorités turques de l’expulser immédiatement vers la
France où il a été interrogé le 28 janvier par des agents antiterroristes avant
d’être relâché, quelques jours seulement avant l’attentat.
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