par Daniel Pipes
The
Washington Times
24 septembre 2013
Traduction française : Johan Bourlard
L’accalmie
que connaît la crise des armes chimiques nous offre l’occasion de nous pencher
sur le flot impressionnant de réfugiés quittant la Syrie et de reconsidérer
quelques opinions malencontreuses à propos de leur avenir.
Environ
dix pour cent des 22 millions d’habitants que compte la Syrie ont fui le pays,
la plupart vers les États voisins – le Liban, la Jordanie et la Turquie – dont
les gouvernements, incapables d’y faire face, limitent le passage aux
frontières, une attitude qui a suscité des inquiétudes au sujet de la situation
désespérée de la Syrie. Le haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés,
António Guterres, suggère (d’après le
Guardian
qui le cite) que son agence « cherche à installer des dizaines de milliers
de réfugiés syriens dans des pays qui soient plus en mesure de les accueillir »,
rappelant par là le programme de réinstallation d’après 2003 qui a permis à
100.000 Irakiens de s’établir en Occident. D’autres aussi se tournent
instinctivement vers l’Occident pour trouver une solution. À titre d’exemple, la
Conférence
des évêques catholiques des États-Unis a appelé les États occidentaux
« à faire davantage » pour les réfugiés syriens.
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Des
réfugiés syriens à l’aéroport de Beyrouth, en partance pour l’Allemagne.
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L’appel
a été entendu : le
Canada
a proposé d’accueillir 1300 réfugiés syriens et les
États-Unis
2000. L’
Italie
a recueilli 4600 réfugiés syriens arrivés par bateaux. L’
Allemagne a proposé d’en
accueillir 5000 (dont une partie est
déjà
arrivée). La
Suède
a offert l’asile aux 15.000 Syriens déjà présents dans le pays. Des groupes d’habitants
se
préparent à un afflux massif dans tout l’Occident.
Toutefois
ces chiffres sont bien en-deçà d’une population qui se compte en millions. Par
conséquent, l’Occident ne peut à lui seul résoudre le problème des réfugiés
syriens. En outre beaucoup dans les pays occidentaux (particulièrement dans des
pays européens comme les Pays-Bas et la
Suisse)
sont lassés d’accueillir des musulmans qui ne s’assimilent pas et qui, au
contraire, cherchent à remplacer les mœurs occidentales par la
loi
islamique, la charia. La chancelière allemande
Angela Merkel et le
Premier ministre britannique
David Cameron considèrent
tous deux ce multiculturalisme qui prône l’égalité de toutes les civilisations,
comme un échec. Pire, on assiste à l’émergence de mouvements fascistes comme
l’Aube dorée en Grèce.
Et
il est probable que beaucoup plus de réfugiés musulmans soient sur le même
chemin. En plus des Syriens, il faut ajouter des Bangladais, des Pakistanais,
des Afghans, des Iraniens, des Irakiens, des Libanais, des Palestiniens, des
Égyptiens, des Somaliens et des Algériens. Les ressortissants d’autres pays
comme le Yémen et la Tunisie pourraient bientôt les rejoindre.
Heureusement
il existe une solution.
Pour
installer les Syriens dans « dans des pays qui soient plus en mesure de
les accueillir », comme le dit avec délicatesse Guterres, il suffit de
détourner le regard de l’Occident à majorité chrétienne vers les vastes
étendues inoccupées du royaume fabuleusement riche d’Arabie saoudite ainsi que
vers des États plus petits mais parfois encore plus riches comme le Koweït, Bahreïn,
le Qatar et les Émirats arabes unis. Pour commencer, ces pays (que je regroupe
sous le nom d’Arabie) sont bien plus
adaptés pour le rapatriement vers la Syrie que des pays comme par exemple la
Nouvelle-Zélande. Vivre là signifie aussi ne pas devoir endurer des climats
rigoureux (comme en Suède) ni apprendre des langues difficiles et peu parlées
comme le danois.
Aussi
et surtout, les musulmans d’Arabie partagent des liens religieux profonds avec
leurs frères et sœurs syriens. Ainsi s’établir là-bas évite les contraintes que
présente la vie en Occident. Il suffit de considérer certains des éléments haram (interdits) que les réfugiés
musulmans éviteraient en vivant en Arabie :
·
Les chiens de compagnie (on en compte
61
millions rien qu’aux États-Unis).
·
Une cuisine où le porc abonde et une vie sociale
où l’alcool coule à flots.
·
Des loteries sponsorisées par l’État et des
temples de style Las Vegas dédiés au jeu.
·
Des femmes aux tenues indécentes, la
danse,
les concours de beauté en maillot de bain, les femmes célibataires vivant
seules, se baignant et ayant des rendez-vous avec des hommes, et la
prostitution légale.
·
Les bars lesbiens, les parades homosexuelles et
le mariage gay.
·
Une attitude laxiste face aux substances
hallucinogènes avec dans certains systèmes juridiques une
légalisation des drogues.
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En
Arabie saoudite, aucun risque de se retrouver au milieu d’une Gay Pride comme
celle-ci.
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Au
lieu de tout cela, les musulmans vivant en Arabie peuvent se réjouir d’un code
de lois qui (contrairement à l’
Irlande)
permet la polygamie et (contrairement à la
Grande-Bretagne)
autorise le mariage des enfants. Contrairement à la France, l’Arabie considère
comme défendable le fait pour un homme de
battre
sa femme et se montre conciliante au sujet de la
mutilation
génitale des femmes. Contrairement aux États-Unis, la
pratique
de l’esclavage ne conduit pas à la prison et les hommes qui commettent un
crime
d’honneur sur les femmes de leur famille ne doivent pas craindre la peine
de mort.
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Vue
d’une rue à Riyadh, présentant les charmes de la vie urbaine en Arabie
saoudite.
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L’exemple
des Syriens et de l’Arabie s’inscrit dans un cadre beaucoup plus large :
indépendamment de leur nombre, les réfugiés devraient être acceptés et
encouragés à rester dans leur propre aire culturelle, là où ils sont
susceptibles de s’intégrer le plus aisément, de garder le plus fidèlement leurs
traditions, de causer le moins de perturbations au sein de la société d’accueil
et d’où ils pourraient retourner chez eux le plus facilement. Ainsi les gens
d’Asie du Sud-Est devraient se réfugier d’une façon générale en Asie du
Sud-Est, les gens du Moyen-Orient au Moyen-Orient, les Africains en Afrique et
les Occidentaux en Occident.
Conseil
à l’ONU : concentrez-vous moins sur l’Occident et davantage sur le reste
du monde. Conseil également aux Saoudiens : il est temps d’
accueillir
à bras ouverts des coreligionnaires musulmans opprimés.
24 septembre 2013, addenda :
(1)
Je suis parfaitement conscient que les Saoudiens et les autres n’ont aucunement
l’intention d’accueillir des réfugiés, que ceux-ci soient syriens ou
autres ; c’est la prémisse implicite de mon analyse. Pourquoi faudrait-il
les récompenser pour un mauvais comportement ? Je suis également conscient
que les réfugiés syriens ont été maltraités dans les pays du Moyen-Orient. En
Égypte, par exemple, ils sont devenus le
bouc
émissaire tout trouvé.
(2)
Ces vastes aires culturelles sont provisoires. Leurs frontières devraient être
délimitées.
(3)
Il existe des exceptions à ces aires culturelles. Les chrétiens du Moyen-Orient,
par exemple, ont davantage leur place en Occident qu’en Arabie et des personnes
exceptionnelles méritent toujours une considération particulière.
(4)
Certains réfugiés économiques du Moyen-Orient ont découvert la
Chine et ils
sont de plus en plus nombreux à se rendre là-bas munis d’autorisations de
séjour valables de un à cinq ans.