dimanche 29 septembre 2013

Les réfugiés et leurs pays d'accueil



par Daniel Pipes
The Washington Times
24 septembre 2013

Version originale anglaise : Let Refugees Remain in Their Own Culture Zones
Traduction française : Johan Bourlard


L’accalmie que connaît la crise des armes chimiques nous offre l’occasion de nous pencher sur le flot impressionnant de réfugiés quittant la Syrie et de reconsidérer quelques opinions malencontreuses à propos de leur avenir.

Environ dix pour cent des 22 millions d’habitants que compte la Syrie ont fui le pays, la plupart vers les États voisins – le Liban, la Jordanie et la Turquie – dont les gouvernements, incapables d’y faire face, limitent le passage aux frontières, une attitude qui a suscité des inquiétudes au sujet de la situation désespérée de la Syrie. Le haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, António Guterres, suggère (d’après le Guardian qui le cite) que son agence « cherche à installer des dizaines de milliers de réfugiés syriens dans des pays qui soient plus en mesure de les accueillir », rappelant par là le programme de réinstallation d’après 2003 qui a permis à 100.000 Irakiens de s’établir en Occident. D’autres aussi se tournent instinctivement vers l’Occident pour trouver une solution. À titre d’exemple, la Conférence des évêques catholiques des États-Unis a appelé les États occidentaux « à faire davantage » pour les réfugiés syriens.

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Des réfugiés syriens à l’aéroport de Beyrouth, en partance pour l’Allemagne.
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L’appel a été entendu : le Canada a proposé d’accueillir 1300 réfugiés syriens et les États-Unis 2000. L’Italie a recueilli 4600 réfugiés syriens arrivés par bateaux. L’Allemagne a proposé d’en accueillir 5000 (dont une partie est déjà arrivée). La Suède a offert l’asile aux 15.000 Syriens déjà présents dans le pays. Des groupes d’habitants se préparent à un afflux massif dans tout l’Occident.

Toutefois ces chiffres sont bien en-deçà d’une population qui se compte en millions. Par conséquent, l’Occident ne peut à lui seul résoudre le problème des réfugiés syriens. En outre beaucoup dans les pays occidentaux (particulièrement dans des pays européens comme les Pays-Bas et la Suisse) sont lassés d’accueillir des musulmans qui ne s’assimilent pas et qui, au contraire, cherchent à remplacer les mœurs occidentales par la loi islamique, la charia. La chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron considèrent tous deux ce multiculturalisme qui prône l’égalité de toutes les civilisations, comme un échec. Pire, on assiste à l’émergence de mouvements fascistes comme l’Aube dorée en Grèce.

Et il est probable que beaucoup plus de réfugiés musulmans soient sur le même chemin. En plus des Syriens, il faut ajouter des Bangladais, des Pakistanais, des Afghans, des Iraniens, des Irakiens, des Libanais, des Palestiniens, des Égyptiens, des Somaliens et des Algériens. Les ressortissants d’autres pays comme le Yémen et la Tunisie pourraient bientôt les rejoindre.

Heureusement il existe une solution.

Pour installer les Syriens dans « dans des pays qui soient plus en mesure de les accueillir », comme le dit avec délicatesse Guterres, il suffit de détourner le regard de l’Occident à majorité chrétienne vers les vastes étendues inoccupées du royaume fabuleusement riche d’Arabie saoudite ainsi que vers des États plus petits mais parfois encore plus riches comme le Koweït, Bahreïn, le Qatar et les Émirats arabes unis. Pour commencer, ces pays (que je regroupe sous le nom d’Arabie) sont bien plus adaptés pour le rapatriement vers la Syrie que des pays comme par exemple la Nouvelle-Zélande. Vivre là signifie aussi ne pas devoir endurer des climats rigoureux (comme en Suède) ni apprendre des langues difficiles et peu parlées comme le danois.

Aussi et surtout, les musulmans d’Arabie partagent des liens religieux profonds avec leurs frères et sœurs syriens. Ainsi s’établir là-bas évite les contraintes que présente la vie en Occident. Il suffit de considérer certains des éléments haram (interdits) que les réfugiés musulmans éviteraient en vivant en Arabie :

·      Les chiens de compagnie (on en compte 61 millions rien qu’aux États-Unis).
·      Une cuisine où le porc abonde et une vie sociale où l’alcool coule à flots.
·      Des loteries sponsorisées par l’État et des temples de style Las Vegas dédiés au jeu.
·      Des femmes aux tenues indécentes, la danse, les concours de beauté en maillot de bain, les femmes célibataires vivant seules, se baignant et ayant des rendez-vous avec des hommes, et la prostitution légale.
·      Les bars lesbiens, les parades homosexuelles et le mariage gay.
·      Une attitude laxiste face aux substances hallucinogènes avec dans certains systèmes juridiques une légalisation des drogues.
·      Des romans blasphématoires, des personnalités politiques opposées au Coran, des organisations de musulmans apostats et un pasteur qui à plusieurs reprises et publiquement brûle des exemplaires du Coran.

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En Arabie saoudite, aucun risque de se retrouver au milieu d’une Gay Pride comme celle-ci.
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Au lieu de tout cela, les musulmans vivant en Arabie peuvent se réjouir d’un code de lois qui (contrairement à l’Irlande) permet la polygamie et (contrairement à la Grande-Bretagne) autorise le mariage des enfants. Contrairement à la France, l’Arabie considère comme défendable le fait pour un homme de battre sa femme et se montre conciliante au sujet de la mutilation génitale des femmes. Contrairement aux États-Unis, la pratique de l’esclavage ne conduit pas à la prison et les hommes qui commettent un crime d’honneur sur les femmes de leur famille ne doivent pas craindre la peine de mort.

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Vue d’une rue à Riyadh, présentant les charmes de la vie urbaine en Arabie saoudite.
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L’exemple des Syriens et de l’Arabie s’inscrit dans un cadre beaucoup plus large : indépendamment de leur nombre, les réfugiés devraient être acceptés et encouragés à rester dans leur propre aire culturelle, là où ils sont susceptibles de s’intégrer le plus aisément, de garder le plus fidèlement leurs traditions, de causer le moins de perturbations au sein de la société d’accueil et d’où ils pourraient retourner chez eux le plus facilement. Ainsi les gens d’Asie du Sud-Est devraient se réfugier d’une façon générale en Asie du Sud-Est, les gens du Moyen-Orient au Moyen-Orient, les Africains en Afrique et les Occidentaux en Occident.

Conseil à l’ONU : concentrez-vous moins sur l’Occident et davantage sur le reste du monde. Conseil également aux Saoudiens : il est temps d’accueillir à bras ouverts des coreligionnaires musulmans opprimés.

24 septembre 2013, addenda :

(1) Je suis parfaitement conscient que les Saoudiens et les autres n’ont aucunement l’intention d’accueillir des réfugiés, que ceux-ci soient syriens ou autres ; c’est la prémisse implicite de mon analyse. Pourquoi faudrait-il les récompenser pour un mauvais comportement ? Je suis également conscient que les réfugiés syriens ont été maltraités dans les pays du Moyen-Orient. En Égypte, par exemple, ils sont devenus le bouc émissaire tout trouvé.

(2) Ces vastes aires culturelles sont provisoires. Leurs frontières devraient être délimitées.

(3) Il existe des exceptions à ces aires culturelles. Les chrétiens du Moyen-Orient, par exemple, ont davantage leur place en Occident qu’en Arabie et des personnes exceptionnelles méritent toujours une considération particulière.

(4) Certains réfugiés économiques du Moyen-Orient ont découvert la Chine et ils sont de plus en plus nombreux à se rendre là-bas munis d’autorisations de séjour valables de un à cinq ans.

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