dimanche 1 mars 2015

Mais qui donc doit s’adapter au nom de la tolérance ?


Par Phyllis Chesler
Special to IPT News
19 février 2015

Traduction française : Johan Bourlard

Shadi Hamid, membre du Center for Middle East Policy [Centre pour la politique au Moyen-Orient] de la Brookings Institution, a récemment critiqué l’Occident, jugé « antilibéral » pour avoir refusé d’accepter le fait que les musulmans, en Occident et ailleurs dans le monde, sont différents des Occidentaux.

Ce raisonnement pour le moins inhabituel a fait l’objet d’un article de 3400 mots dans The Atlantic.

Le président Obama a beau insister sur le fait que « la lutte contre le terrorisme n’est pas une guerre religieuse », Hamid semble ne pas être d’accord avec lui.

Et si l’on en croit plusieurs sondages, c’est Hamid qui a raison. À titre d’exemple, alors qu’un sondage Gallup de 2009 montre que l’immense majorité des musulmans européens rejette la violence, ceux-ci sont bien plus religieux que les autres habitants de l’Europe sécularisée (France, Angleterre, Allemagne) et sont plus vivement opposés à l’homosexualité que ne le sont les Européens laïcisés. En outre, les jeunes hommes musulmans européens des deuxième et troisième générations, sont favorables au port du voile pour les femmes, à la polygamie, à l’exécution des apostats et à l’interdiction faite aux femmes musulmanes d’épouser un non-musulman.

Les musulmans sont plus susceptibles de considérer « le blasphème comme inacceptable », écrit Hamid. Il décrit les musulmans comme « profondément conservateurs » et comme des partisans, à des degrés divers, de « l’application de la loi islamique ».

L’Occident libéral croit en la liberté de tout critiquer, notamment la religion, en commençant par le judaïsme et le christianisme. L’extension à l’islam de ce droit à la critique, à la satire et à l’étude a provoqué des crises majeures du côté musulman.

Les exposés originaux et savants sur l’histoire et les pratiques de l’islam scandalisent et ne sont dès lors pas permis, surtout quand ces manifestations sont le fait d’infidèles. Poursuites en justice, tentatives d’assassinats, lynchages et assassinats politiques ont constitué la réponse de l’islamisme radical aux livres, aux films, aux conférences et aux caricatures qui analysent l’apartheid sexiste et religieux de l’islam.

Les reportages sur la banalisation de phénomènes tels que les violences faites aux femmes et aux filles, les mariages d’enfants, le port du voile et les mariages forcés, la polygamie, la pédophilie, les mutilations génitales féminines et les crimes d’honneur ont suscité des protestations pour « islamophobie » et « blasphème ».

Récemment, lors d’une conversation, Mordechai Kedar, Israélien arabisant et expert en contre-terrorisme, disait : « Pourquoi se scandaliser à un tel point pour une caricature si ce n’est parce qu’on croit que cette caricature dit la vérité ? Ils sont en colère parce que c’est la vérité. »

Selon un sondage du Pew réalisé en 2006, 79 % des Français musulmans imputaient la responsabilité de l’affaire des caricatures de 2005 au « manque de respect pour la religion islamique » de la part des nations occidentales. La population en général critiquait « l’intolérance des musulmans ».

Ceci est complètement étranger à la culture occidentale post-moderne. De nombreux musulmans sont très clairs sur cette question.

Hamid écrit que les Français musulmans « sont plus enclins à croire que les attaques contre le Prophète Mohammed et contre le Coran devraient être punissables en tant que discours de haine et incitation à la haine, à l’instar de la négation de l’Holocauste. »

Cette comparaison fallacieuse est choquante mais familière. Les antisémites et les islamistes minimisent l’Holocauste auquel ils ne croient pas mais jalousent profondément les Juifs en tant que victimes de cet Holocauste. Ils convoitent ce qu’ils croient être un statut de victime sainte que les Juifs auraient soi-disant acquis par la ruse. Les islamistes ont inventé cette fausse accusation qu’est « l’islamophobie ». Ils ont également fait des Palestiniens les « nouveaux Juifs » et désigné les Juifs israéliens comme les « nouveaux nazis ».

Malheureusement, de nombreux Européens ont souscrit à cette vision mortifère dans l’espoir qu’en agissant de la sorte ils apaiseraient leurs concitoyens musulmans hostiles et en mal d’intégration. En outre l’antisémitisme européen latent s’est trouvé un nouveau débouché dans l’antisionisme qui est en fait le nouvel antisémitisme.

Les musulmans sont-ils la cible de fausses accusations voire de persécutions ? Cette question est-elle pertinente à une époque où la barbarie exercée par des musulmans sur d’autres musulmans, sur les infidèles et sur les femmes ne connaît aucune limite, aucune frontière et dépasse l’entendement ?

Néanmoins le concept fallacieux d’islamophobie – brandi le plus souvent comme arme défensive dans le cadre de discussions sur l’idéologie de l’islam radical – est devenu l’égal d’autres concepts, bien réels ceux-là, comme l’homophobie, le sexisme et l’antisémitisme. Malgré le constat du FBI qui montre que les crimes motivés par la haine touchent bien plus les juifs que les musulmans, ces derniers continuent à insister sur le fait qu’ils sont pris pour cibles sur le plan racial et religieux.

L’islamophobie est pire que l’antisémitisme selon Hatem Bazian, fondateur du mouvement des Étudiants pour la Justice en Palestine et directeur du Center for Race and Gender’s Islamophobia Research & Documentation Project basé à Berkeley dans un rapport de 2011 publié sous le patronage, entre autres, du Council on American-Islamic Relations (CAIR).

Bazian concluait que, sur une échelle de 1 à 10 (de la meilleure à la pire situation pour les musulmans) « l’islamophobie » en Amérique se situe à 6,4. On ne sait comment réagir face à ces conclusions aussi insolentes que stupides.

À l’échelle mondiale, les islamistes exigent de l’Occident qui a réussi à séparer la religion et l’État, non seulement d’accepter à l’étranger un État agressif qualifié de théocratique mais aussi d’accueillir un tel État sur son propre sol.

Selon l’opinion de Hamid, le véritable « courage moral » consisterait, en France, à ce qu’un « parti politique de premier plan » appelle à « repenser la laïcité et élargir plutôt que restreindre l’identité nationale française. »

Lancer à l’Occident « tolérant » le défi d’accueillir un Islam intolérant est la méthode éprouvée qu’utilisent les islamistes pour prendre l’Occident à son propre piège. Les islamistes raffinés essaient d’utiliser les lois post-modernes pour obtenir le droit d’user de pratiques barbares et moyenâgeuses tandis que les dirigeants politiques et l’intelligentsia de l’Occident sont en train de frayer avec le suicide culturel et de soutenir la barbarie plutôt que la civilisation.

Phyllis Chesler est professeur émérite de psychologie. Elle est l’auteur de 15 ouvrages dont The New Anti-Semitism [Le nouvel antisémitisme] et An American Bride in Kabul [Une jeune mariée américaine à Kaboul]. Membre du Middle East Forum, elle écrit régulièrement pour Israel National News et Breitbart. Elle est en outre l’auteur de trois études pionnières sur les crimes d’honneur.

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