vendredi 24 octobre 2014

Qatar, Gaza, même combat


par Reuven Berko
Special to IPT News
15 octobre 2014

Traduction française : Johan Bourlard

Dans un discours qu’il a prononcé récemment, l’ambassadeur israélien aux Nations unies, Ron Prosor, a évoqué le rôle central joué par le Qatar dans le soutien aux organisations terroristes internationales. L’argent que le Qatar verse au Hamas, par exemple, a servi au creusement des tunnels qui, partant de la bande de Gaza vers Israël en passant sous la barrière de sécurité, étaient destinés à perpétrer des attaques terroristes sur le territoire israélien. Cet argent a également financé les milliers de roquettes lancées depuis des années sur des cibles civiles israéliennes. En réponse à cette déclaration, le porte-parole du Département d’État américain, Marie Harf, a pris la défense du Qatar en affirmant que ce pays jouait un rôle positif majeur dans la recherche d’une solution au conflit israélo-palestinien.

Le financement d’organisations terroristes islamistes par le Qatar partout dans le monde est un secret de polichinelle connu de toutes les agences de renseignement de la planète, y compris de la CIA, et révélé au grand jour par Wikileaks qui montre clairement le transfert de fonds du Qatar vers Al-Qaïda. Le Qatar finance également les mouvements terroristes d’opposition au régime d’Assad en Syrie, comme le Front Al-Nosra ; il encourage le terrorisme anti-égyptien dans la Péninsule du Sinaï et en Égypte même ; il est aussi impliqué dans le terrorisme islamiste en Afrique et ailleurs. Son rôle dans les opérations terroristes visant Israël et l’Égypte (à travers les Frères Musulmans) s’accompagne d’une propagande brutale et incendiaire diffusée sur sa chaîne de télévision Al-Jazeera.

Le Qatar dépense également des millions de dollars dans le soutien au Mouvement Islamique, la branche israélienne des Frères Musulmans dirigée par le cheikh Ra’ed Salah. Ce Mouvement est responsable d’actes de provocation permanents sur le Mont du Temple, en Judée, en Samarie et enflamme l’ensemble du monde islamique contre Israël en prétendant que les juifs essaient de détruire la mosquée d’Al-Aqsa et de la remplacer par le Temple juif. Ces incitations se sont poursuivies alors même que l’organisation sœur du Mouvement Islamique, le Hamas, tirait des roquettes sur Jérusalem, exposant ainsi au danger à la fois les mosquées du Mont du Temple et les sites sacrés juifs, chrétiens et musulmans de Jérusalem.

En tant que représentant du Qatar, le Mouvement Islamique, qui n’a pas encore été déclaré illégal en Israël, a soutenu de différentes façons le Hamas durant l’opération Bordure protectrice en fomentant des émeutes, en bloquant des routes et en essayant de provoquer une troisième intifada qui aurait dû, pensaient-ils, rallier les Arabes israéliens en vue de causer la mort de milliers d’Israéliens par les tirs de roquettes et les attaques depuis les tunnels planifiées pour la veille du Nouvel An juif.

Dans le discours qu’il a tenu dernièrement à l’ONU, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a réfuté les accusations de « génocide » du peuple palestinien portées par le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, et a rappelé à l’auditoire l’utilisation, par le Hamas, des civils palestiniens comme autant de boucliers humains et les tirs de roquettes visant systématiquement des civils israéliens. Malheureusement, il n’a pas parlé de la charte du Hamas, qui appelle au meurtre de tous les juifs. Abbas dirige actuellement un gouvernement d’unité nationale dont le Hamas est un membre à part entière. Une telle situation engage Abbas à réaliser ce projet de massacre du peuple juif – un vrai génocide celui-là – et c’est une honte que la communauté internationale ait permis à un tel individu de s’adresser aux Nations unies au lieu de le juger pour crimes de guerre.

En fait, les similitudes entre le Hamas et l’EIIL ressortent clairement de la charte du Hamas qui définit ce dernier comme faisant partie du mouvement islamiste mondial des Frères Musulmans. L’un de ses objectifs est de combattre « l’impérialisme des infidèles chrétiens » et de ses émissaires sionistes en Israël dans le but d’imposer au monde la charia, la loi religieuse islamique. Selon le paragraphe 7 de cette charte, l’intention du Hamas est de massacrer tous les juifs, conformément à l’ordre donné par Mahomet et par ceux qui se réclament de lui. C’est cet élément qui est aussi à la base de la menace proférée par le « calife » de l’EIIL, Abou Bakr al-Baghdadi, qui a déclaré que sous son commandement, l’Islam va « noyer l’Amérique dans le sang ».

Tout au long de son histoire, le Hamas, à l’instar de l’EIIL, a soutenu le concept du califat mondial qu’il s’emploie à bâtir en créant son propre émirat islamique sur les ruines de l’État d’Israël. Depuis sa fondation, le Hamas a attaqué Israël et massacré des milliers de citoyens exactement comme l’EIIL a attaqué et massacré les « infidèles ». Ils partagent les mêmes slogans, comme « Il n’y a pas d’autre divinité qu’Allah » et « Allah, le prophète Mahomet », qu’ils inscrivent sur leurs drapeaux et bandeaux. Les terroristes du Hamas se sont fait exploser dans des bars, des hôtels, des restaurants, des bus, des centres commerciaux et des marchés israéliens, autant de lieux fréquentés par de nombreux civils. La manière dont le Hamas a exécuté des personnes suspectées de collaboration, durant les derniers jours de l’opération Bordure protectrice, ressemble à l’exécution de Daniel Pearl par Al-Qaïda et à la décapitation de James Foley et d’autres par l’EIIL.

Pendant des décennies, le Hamas n’a cessé de perpétrer des attaques terroristes meurtrières contre Israël, dont les auteurs arborent, à l’instar des terroristes de l’EIIL, le bandeau avec l’inscription « Allah, prophète Mahomet ». Malgré cela, il est rare que la communauté internationale manifeste son soutien à Israël ou tienne compte du fait qu’en soutenant Israël, elle défend l’Occident qui n’a pas réussi à comprendre que « l’islam politique » inspiré des Frères Musulmans est en train de s’installer dans l’arrière-cour du monde libre et que la bombe à retardement est réglée pour exploser plus tôt que prévu. L’Occident, qui n’a pas condamné clairement le Qatar pour son soutien affiché au Hamas ni pour ses activités terroristes contre Israël, n’a pas non plus demandé l’arrêt de ces activités.

Alors qu’Israël ripostait aux attaques de roquettes du Hamas visant des civils et empêchait ainsi la mort de milliers, voire de dizaines de milliers de civils israéliens, la communauté internationale exigeait une réponse « proportionnée ». Cette demande a empêché Israël de riposter comme il se devait et a encouragé le Hamas à tirer encore plus de roquettes sur des « cibles militaires » comme Tel Aviv et Jérusalem. Alors qu’Israël construisait sa barrière de protection destinée à empêcher les kamikazes du Hamas de s’introduire sur le territoire israélien pour se faire exploser au milieu d’une foule de civils, la communauté internationale s’insurgeait et s’empressait de reprendre la rhétorique palestinienne du « racisme » et de « l’apartheid », jouant ainsi volontairement le jeu du Hamas et de Mahmoud Abbas. Cette réaction s’est produite alors qu’Israël est le seul État véritablement démocratique du Moyen-Orient dans lequel Juifs et Arabes peuvent vivre en paix sans « apartheid ».

Aujourd’hui, le président américain Obama déclare avoir « sous-estimé » la menace représentée par l’EIIL, alors qu’Israël alerte le monde contre un islam extrémiste et guerrier depuis au moins dix ans, quand Netanyahou, dans son discours à l’ONU, mettait le monde en garde à propos d’un Iran puissance nucléaire.

Bizarrement, la communauté internationale s’est montrée silencieuse à propos des génocides bien réels qui ont été perpétrés dans les pays arabes voisins d’Israël. Dans ces pays-là, les descendants des réfugiés palestiniens de 1948, qui constituent actuellement la quatrième  génération, continuent à vivre dans des camps de réfugiés, n’ont pas la citoyenneté, sont exclus du marché de l’emploi et ne peuvent bénéficier des avantages sociaux. En revanche Israël a absorbé des centaines de milliers de réfugiés juifs, parmi lesquels de nombreux déshérités qui avaient fui l’Europe et avaient été expulsés des pays arabes au moment de la fondation de l’État. À tous ceux-là ainsi qu’aux Arabes restés en Israël après la Guerre d’Indépendance, Israël a accordé la citoyenneté et des droits pleins et entiers.

Israël, qui n’a rien contre le peuple palestinien, aimerait voir la bande de Gaza reconstruite à la fois pour des raisons humanitaires et pour donner quelque chose à perdre au Hamas. Par contre les éléments islamistes radicaux, tels le Hamas, l’EIIL, Al-Qaïda, le Front Al-Nosra et le Hezbollah qui sont tous financés par le Qatar, ne veulent pas voir de solution au conflit israélo-palestinien. Ils partagent tous le même programme fondé sur l’alimentation du conflit autour duquel doit s’unir l’Islam, sous leur direction.

C’est la raison pour laquelle le Qatar continue à soutenir le terrorisme islamiste planétaire. Le 13 septembre, ce pays a payé au front Al-Nosra une rançon de 20 millions de dollars pour la libération des soldats fidjiens de l’ONU. Le monde a loué le Qatar pour sa démarche philanthropique mais en fait il s’agissait d’un acte digne d’une manipulation et d’une supercherie magistrales qui a permis de remplir les caisses du Front Al-Nosra tout en donnant au Qatar l’image du sauveur des Fidjiens. Le Qatar use à présent de la même fourberie dans la bande de Gaza. Après avoir envoyé au Hamas des millions de dollars pour financer son industrie terroriste anti-israélienne, il a promis, lors d’une conférence au Caire organisée le week-end dernier, la somme d’un milliard de dollars pour aider à la reconstruction de la bande de Gaza.

Alors que le monde espère que l’opération Bordure protectrice était le dernier épisode de violence israélo-palestinienne, un des hauts responsables du Hamas rappelle leur position qui est de combattre Israël à nouveau. Pas un seul dirigeant du Hamas n’a la volonté d’accepter une fusion complète avec l’Autorité palestinienne en vue d’établir une direction palestinienne vraiment unifiée. Le Hamas rejette même l’idée de désarmement ou de démilitarisation en contrepartie de la reconstruction de la bande de Gaza et de l’avancée du processus de paix. Malheureusement, personne n’a suggéré cette proposition comme condition préalable au versement du moindre dollar américain pour aider à la reconstruction de Gaza.

Tout ce qu’il reste à faire désormais, c’est d’espérer que les milliards de dollars versés pour la reconstruction de la bande de Gaza, seront suivis du désarmement du Hamas et de l’établissement d’un mécanisme intègre de contrôle de l’argent et du matériel entrant dans la bande de Gaza par l’Égypte et par Israël. Il est impératif que ces moyens ne soient pas détournés au profit du rétablissement des infrastructures et des tunnels du Hamas ou de la subornation des responsables de l’UNRWA comme cela s’est produit si souvent par le passé. Tout porte à croire que le Hamas et le Qatar sont les seuls à savoir s’il est permis de nourrir de tels espoirs.

Reuven Berko est docteur (Ph.D) en études du Moyen-Orient. Analyste sur des chaînes arabes israéliennes, il écrit pour le quotidien israélien Israel Hayom et est considéré comme l’un des plus grands spécialistes des affaires arabes en Israël.

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