par Reuven Berko
Special to IPT News
15 octobre 2014
Version
originale anglaise : Guest Column : The Road from Qatar
to the Gaza Strip
Traduction française : Johan Bourlard
Dans
un discours qu’il a prononcé récemment, l’ambassadeur israélien aux Nations
unies, Ron Prosor, a évoqué le rôle central joué par le Qatar dans le soutien
aux organisations terroristes internationales. L’argent que le Qatar verse au
Hamas, par exemple, a servi au creusement des tunnels qui, partant de la bande
de Gaza vers Israël en passant sous la barrière de sécurité, étaient destinés à
perpétrer des attaques terroristes sur le territoire israélien. Cet argent a
également financé les milliers de roquettes lancées depuis des années sur des
cibles civiles israéliennes. En réponse à cette déclaration, le porte-parole du
Département d’État américain, Marie Harf, a pris la défense du Qatar en
affirmant que ce pays jouait un rôle positif majeur dans la recherche d’une
solution au conflit israélo-palestinien.
Le
financement d’organisations terroristes islamistes par le Qatar partout dans le
monde est un secret de polichinelle connu de toutes les agences de
renseignement de la planète, y compris de la CIA, et révélé au grand jour par
Wikileaks qui montre clairement le transfert de fonds du Qatar vers Al-Qaïda. Le
Qatar finance également les mouvements terroristes d’opposition au régime d’Assad
en Syrie, comme le Front Al-Nosra ; il encourage le terrorisme
anti-égyptien dans la Péninsule du Sinaï et en Égypte même ; il est aussi impliqué
dans le terrorisme islamiste en Afrique et ailleurs. Son rôle dans les
opérations terroristes visant Israël et l’Égypte (à travers les Frères
Musulmans) s’accompagne d’une propagande brutale et incendiaire diffusée sur sa
chaîne de télévision Al-Jazeera.
Le
Qatar dépense également des millions de dollars dans le soutien au Mouvement Islamique,
la branche israélienne des Frères Musulmans dirigée par le cheikh Ra’ed Salah. Ce
Mouvement est responsable d’actes de provocation permanents sur le Mont du
Temple, en Judée, en Samarie et enflamme l’ensemble du monde islamique contre
Israël en prétendant que les juifs essaient de détruire la mosquée d’Al-Aqsa et
de la remplacer par le Temple juif. Ces incitations se sont poursuivies alors
même que l’organisation sœur du Mouvement Islamique, le Hamas, tirait des
roquettes sur Jérusalem, exposant ainsi au danger à la fois les mosquées du
Mont du Temple et les sites sacrés juifs, chrétiens et musulmans de Jérusalem.
En
tant que représentant du Qatar, le Mouvement Islamique, qui n’a pas encore été
déclaré illégal en Israël, a soutenu de différentes façons le Hamas durant l’opération
Bordure protectrice en fomentant des émeutes, en bloquant des routes et en
essayant de provoquer une troisième intifada qui aurait dû, pensaient-ils, rallier
les Arabes israéliens en vue de causer la mort de milliers d’Israéliens par les
tirs de roquettes et les attaques depuis les tunnels planifiées pour la veille
du Nouvel An juif.
Dans
le discours qu’il a tenu dernièrement à l’ONU, le Premier ministre israélien
Benyamin Netanyahou a réfuté les accusations de « génocide » du
peuple palestinien portées par le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud
Abbas, et a rappelé à l’auditoire l’utilisation, par le Hamas, des civils
palestiniens comme autant de boucliers humains et les tirs de roquettes visant
systématiquement des civils israéliens. Malheureusement, il n’a pas parlé de la
charte du Hamas, qui appelle au meurtre de tous les juifs. Abbas dirige
actuellement un gouvernement d’unité nationale dont le Hamas est un membre à
part entière. Une telle situation engage Abbas à réaliser ce projet de massacre
du peuple juif – un vrai génocide celui-là – et c’est une honte que la
communauté internationale ait permis à un tel individu de s’adresser aux
Nations unies au lieu de le juger pour crimes de guerre.
En
fait, les similitudes entre le Hamas et l’EIIL ressortent clairement de la
charte du Hamas qui définit ce dernier comme faisant partie du mouvement
islamiste mondial des Frères Musulmans. L’un de ses objectifs est de combattre
« l’impérialisme des infidèles chrétiens » et de ses émissaires
sionistes en Israël dans le but d’imposer au monde la charia, la loi religieuse
islamique. Selon le paragraphe 7 de cette charte, l’intention du Hamas est de
massacrer tous les juifs, conformément à l’ordre donné par Mahomet et par ceux
qui se réclament de lui. C’est cet élément qui est aussi à la base de la menace
proférée par le « calife » de l’EIIL, Abou Bakr al-Baghdadi, qui a
déclaré que sous son commandement, l’Islam va « noyer l’Amérique dans le
sang ».
Tout
au long de son histoire, le Hamas, à l’instar de l’EIIL, a soutenu le concept
du califat mondial qu’il s’emploie à bâtir en créant son propre émirat
islamique sur les ruines de l’État d’Israël. Depuis sa fondation, le Hamas a
attaqué Israël et massacré des milliers de citoyens exactement comme l’EIIL a
attaqué et massacré les « infidèles ». Ils partagent les mêmes
slogans, comme « Il n’y a pas d’autre divinité qu’Allah » et
« Allah, le prophète Mahomet », qu’ils inscrivent sur leurs drapeaux
et bandeaux. Les terroristes du Hamas se sont fait exploser dans des bars, des
hôtels, des restaurants, des bus, des centres commerciaux et des marchés
israéliens, autant de lieux fréquentés par de nombreux civils. La manière dont
le Hamas a exécuté des personnes suspectées de collaboration, durant les
derniers jours de l’opération Bordure protectrice, ressemble à l’exécution de
Daniel Pearl par Al-Qaïda et à la décapitation de James Foley et d’autres par
l’EIIL.
Pendant
des décennies, le Hamas n’a cessé de perpétrer des attaques terroristes
meurtrières contre Israël, dont les auteurs arborent, à l’instar des
terroristes de l’EIIL, le bandeau avec l’inscription « Allah, prophète
Mahomet ». Malgré cela, il est rare que la communauté internationale
manifeste son soutien à Israël ou tienne compte du fait qu’en soutenant Israël,
elle défend l’Occident qui n’a pas réussi à comprendre que « l’islam
politique » inspiré des Frères Musulmans est en train de s’installer dans
l’arrière-cour du monde libre et que la bombe à retardement est réglée pour
exploser plus tôt que prévu. L’Occident, qui n’a pas condamné clairement le
Qatar pour son soutien affiché au Hamas ni pour ses activités terroristes
contre Israël, n’a pas non plus demandé l’arrêt de ces activités.
Alors
qu’Israël ripostait aux attaques de roquettes du Hamas visant des civils et
empêchait ainsi la mort de milliers, voire de dizaines de milliers de civils
israéliens, la communauté internationale exigeait une réponse
« proportionnée ». Cette demande a empêché Israël de riposter comme
il se devait et a encouragé le Hamas à tirer encore plus de roquettes sur des
« cibles militaires » comme Tel Aviv et Jérusalem. Alors qu’Israël
construisait sa barrière de protection destinée à empêcher les kamikazes du
Hamas de s’introduire sur le territoire israélien pour se faire exploser au
milieu d’une foule de civils, la communauté internationale s’insurgeait et
s’empressait de reprendre la rhétorique palestinienne du « racisme »
et de « l’apartheid », jouant ainsi volontairement le jeu du Hamas et
de Mahmoud Abbas. Cette réaction s’est produite alors qu’Israël est le seul
État véritablement démocratique du Moyen-Orient dans lequel Juifs et Arabes
peuvent vivre en paix sans « apartheid ».
Aujourd’hui,
le président américain Obama déclare avoir « sous-estimé » la menace
représentée par l’EIIL, alors qu’Israël alerte le monde contre un islam
extrémiste et guerrier depuis au moins dix ans, quand Netanyahou, dans son
discours à l’ONU, mettait le monde en garde à propos d’un Iran puissance nucléaire.
Bizarrement,
la communauté internationale s’est montrée silencieuse à propos des génocides bien
réels qui ont été perpétrés dans les pays arabes voisins d’Israël. Dans ces
pays-là, les descendants des réfugiés palestiniens de 1948, qui constituent
actuellement la quatrième génération,
continuent à vivre dans des camps de réfugiés, n’ont pas la citoyenneté, sont
exclus du marché de l’emploi et ne peuvent bénéficier des avantages sociaux. En
revanche Israël a absorbé des centaines de milliers de réfugiés juifs, parmi
lesquels de nombreux déshérités qui avaient fui l’Europe et avaient été
expulsés des pays arabes au moment de la fondation de l’État. À tous ceux-là ainsi
qu’aux Arabes restés en Israël après la Guerre d’Indépendance, Israël a accordé
la citoyenneté et des droits pleins et entiers.
Israël,
qui n’a rien contre le peuple palestinien, aimerait voir la bande de Gaza
reconstruite à la fois pour des raisons humanitaires et pour donner quelque
chose à perdre au Hamas. Par contre les éléments islamistes radicaux, tels le
Hamas, l’EIIL, Al-Qaïda, le Front Al-Nosra et le Hezbollah qui sont tous
financés par le Qatar, ne veulent pas voir de solution au conflit
israélo-palestinien. Ils partagent tous le même programme fondé sur
l’alimentation du conflit autour duquel doit s’unir l’Islam, sous leur
direction.
C’est
la raison pour laquelle le Qatar continue à soutenir le terrorisme islamiste
planétaire. Le 13 septembre, ce pays a payé au front Al-Nosra une rançon de 20
millions de dollars pour la libération des soldats fidjiens de l’ONU. Le monde
a loué le Qatar pour sa démarche philanthropique mais en fait il s’agissait
d’un acte digne d’une manipulation et d’une supercherie magistrales qui a
permis de remplir les caisses du Front Al-Nosra tout en donnant au Qatar l’image
du sauveur des Fidjiens. Le Qatar use à présent de la même fourberie dans la bande
de Gaza. Après avoir envoyé au Hamas des millions de dollars pour financer son
industrie terroriste anti-israélienne, il a promis, lors d’une conférence au Caire
organisée le week-end dernier, la somme d’un milliard de dollars pour aider à
la reconstruction de la bande de Gaza.
Alors
que le monde espère que l’opération Bordure protectrice était le dernier
épisode de violence israélo-palestinienne, un des hauts responsables du Hamas rappelle
leur position qui est de combattre Israël à nouveau. Pas un seul dirigeant du
Hamas n’a la volonté d’accepter une fusion complète avec l’Autorité
palestinienne en vue d’établir une direction palestinienne vraiment unifiée. Le
Hamas rejette même l’idée de désarmement ou de démilitarisation en contrepartie
de la reconstruction de la bande de Gaza et de l’avancée du processus de paix.
Malheureusement, personne n’a suggéré cette proposition comme condition
préalable au versement du moindre dollar américain pour aider à la
reconstruction de Gaza.
Tout
ce qu’il reste à faire désormais, c’est d’espérer que les milliards de dollars versés
pour la reconstruction de la bande de Gaza, seront suivis du désarmement du
Hamas et de l’établissement d’un mécanisme intègre de contrôle de l’argent et
du matériel entrant dans la bande de Gaza par l’Égypte et par Israël. Il est
impératif que ces moyens ne soient pas détournés au profit du rétablissement des
infrastructures et des tunnels du Hamas ou de la subornation des responsables
de l’UNRWA comme cela s’est produit si souvent par le passé. Tout porte à
croire que le Hamas et le Qatar sont les seuls à savoir s’il est permis de
nourrir de tels espoirs.
Reuven Berko est docteur (Ph.D)
en études du Moyen-Orient. Analyste sur des chaînes arabes israéliennes, il
écrit pour le quotidien israélien Israel Hayom et est considéré comme l’un des
plus grands spécialistes des affaires arabes en Israël.
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