Par Yaakov Lappin
Special to IPT News
18 décembre 2014
Version originale anglaise : Hamas’s International Triangle of Bases : Gaza,
Turkey and Qatar
Traduction française : Johan
Bourlard
Ces dernières années, l’organisation terroriste
palestinienne Hamas s’est muée en véritable organisme international disposant à
l’heure actuelle de trois bases territoriales opérationnelles, à savoir Gaza où
siège le Hamas, la Turquie et le Qatar.
Selon les services de renseignement israéliens,
chaque base poursuit ses propres objectifs. Au gré des activités terroristes
diverses qu’elles mènent, les trois bases ont opéré tour à tour en harmonie et
en désaccord, de concert et séparément.
Selon une source proche des services de
sécurité, les structures de commandement du Hamas de chaque base « ne
constituent pas un même leadership ».
« Le Qatar abrite la branche politique du
Hamas, dirigée par Khaled Meshaal. En Turquie [dans la ville d’Istanbul] siège la
branche militaire du Hamas qui y met sur pied une infrastructure terroriste. Cette
branche se compose en partie d’anciens prisonniers du Hamas expulsés d’Israël
lors de l’échange de prisonniers effectué [en 2011] pour récupérer Gilad
Shalit. Gaza abrite quant à elle les deux types d’agents, politiques et
militaires. »
Les trois branches, dont chacune joue un rôle
particulier, connaissent des relations fluctuantes.
Le siège du Hamas à Istanbul est dirigé par
Salah Al-Arouri, une figure de proue de l’aile militaire qui se consacre au
rajeunissement des cellules terroristes du Hamas en Cisjordanie avant de les
utiliser comme tremplin pour la préparation d’attentats meurtriers contre
Israël.
Gaza abrite la principale aile militaire du
Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, dont les agents se consacrent au
développement de leur puissance de frappe constituée de roquettes et des
réseaux de tunnels. À l’instar d’Al-Arouri, ils cherchent également à créer des
cellules terroristes en Cisjordanie.
Jeudi, le Hamas a organisé ce qu’il appelle son plus important exercice militaire depuis la guerre contre Israël de l’été
dernier.
Gaza abrite également l’aile politique du
Hamas, dirigée par Ismaïl Haniyeh.
Selon la source déjà citée, « ils ont tous
leurs intérêts propres. Ceux de Gaza ont leur point de vue et ceux de
l’étranger en ont un autre. Par le passé, il y a eu des désaccords. »
À titre d’exemple, citons le différend qui a
opposé, l’été dernier, Khaled Meshaal au Hamas de Gaza concernant le moment où
se terminerait la guerre contre Israël. Meshaal incitait le Hamas à poursuivre
le combat malgré les appels de plus en plus nombreux lancés par le Hamas de
Gaza en faveur d’un cessez-le-feu. Les antagonismes résultaient en partie du
critère géographique : alors que le Hamas à Gaza pouvait évaluer en temps
réel l’ampleur des dommages que lui infligeait Israël durant les combats,
Meshaal, confortablement installé dans une banlieue chic du Qatar, pouvait se
payer le luxe d’appeler à la poursuite de la lutte.
Malgré ces divergences, il existe une base
commune de coopération et d’accord entre les trois branches. Ainsi Saleh
Al-Arouri, basé en Turquie, ne se serait jamais lancé dans des missions aussi
importantes que la mise sur pied d’un réseau terroriste du Hamas à grande échelle
en Cisjordanie, la planification d’atrocités contre Israël ou encore la tentative de renversement de l’Autorité palestinienne et de son
président, Mahmoud Abbas, sans le consentement de Khaled Meshaal et du Hamas de
Gaza.
La coopération n’est certes pas toujours
étroite mais elle existe.
« Il y a des connexions » selon la
source proche des services de sécurité. « Le Hamas à Gaza est relié à ceux
qui essaient d’organiser le terrorisme en Judée et en Samarie. Il existe un
cercle de coopération. »
Al-Arouri peut rechercher l’aide de Gaza et
l’obtenir, comme il l’a déjà fait, mais il peut également travailler de façon
indépendante. « Il n’y a pas de règle », souligne la source en
question.
Ces derniers mois, le Shin Bet [l’Agence de
sécurité israélienne] a déjoué deux complots d’attentats terroristes tramés par
le Hamas en vue d’infliger à Israël un maximum de pertes et dans le but
d’affaiblir le Fatah en Cisjordanie. Les deux complots étaient liés à
Al-Arouri.
Cette découverte a conduit les chefs de la défense
israélienne à hausser le ton par rapport à la base du Hamas située en Turquie.
Au début de ce mois, le ministre israélien de
la Défense, Moshe Ya’alon, a déclaré à son homologue espagnol : « Les quartiers généraux
terroristes du Hamas sont à Gaza et à Istanbul. C’est incroyable qu’un pays
membre de l’OTAN héberge sur son territoire le siège d’une organisation
terroriste ».
« Nous avons empêché un coup d’État
projeté par le Hamas et préparé, entre autres, au sein des quartiers généraux
turcs, contre [le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas] Abou
Mazen en Judée et en Samarie. Nous l’avons sauvé de cette révolution. Il est
donc très important, pour notre liberté, d’agir sur le plan de la sécurité en
Judée et en Samarie », a déclaré Ya’alon.
De la même manière, fin novembre, le Shin Bet
et l’armée israélienne ont annoncé qu’ils avaient démantelé une infrastructure
terroriste du Hamas d’envergure internationale en pleine préparation de
multiples attentats très meurtriers, notamment un attentat à la bombe visant un
stade de football à Jérusalem.
Le complot prévoyait des attentats à la voiture
piégée, des attentats à la bombe sur le réseau de trams à Jérusalem et des attaques
ciblant des Israéliens à l’étranger.
Cette affaire illustre la position de plus en
plus centrale occupée par Istanbul dans les activités terroristes du Hamas en
Cisjordanie. Le siège du Hamas en Turquie est devenu un centre de commandement
et de planification de premier plan.
Au début de cette année, le Shin Bet a annoncé
le démantèlement d’un autre vaste réseau du Hamas en Cisjordanie mis sur pied
par Saleh Al-Arouri à Istanbul et dirigé à Ramallah par un membre local du
Hamas.
Selon une enquête israélienne, le Hamas a
écoulé plus d’un million de shekels [plus de 250.000 dollars] au profit
d’agents terroristes pour la préparation d’une série d’attentats destinés à
détourner l’attention de Gaza et finalement conduire à la chute de l’Autorité
palestinienne dirigée par le Fatah. Ce projet aurait dû se réaliser en incitant
Israël à mener une riposte sévère en Cisjordanie, en déstabilisant la région et
en conduisant au renversement de l’Autorité palestinienne.
Le Hamas a parcouru un long chemin depuis l’époque
où ses fondateurs, des agents des Frères Musulmans établis dans les territoires
palestiniens, ont créé des centres d’endoctrinement et d’aide sociale.
À présent, le Hamas est devenu une organisation
terroriste internationale qui continue à tramer de nouveaux complots en vue
d’assassiner et de mutiler les Israéliens à partir de ses différentes bases
alors qu’il rêve de créer un second régime islamiste et djihadiste en
Cisjordanie, comme il l’a fait à Gaza.
Yaakov Lappin est
correspondant au Jerusalem
Post pour les affaires militaires et de
sécurité nationale. Il est l’auteur de The Virtual Caliphate
(Potomac Books), un ouvrage qui explique l’établissement d’un État islamiste
virtuel par les djihadistes agissant sur internet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire