IPT News
5 décembre 2014
Version originale anglaise : White House Statement Ignores Brotherhood’s
Continuing Hamas Support
Traduction française : Johan
Bourlard
En réponse à une pétition en ligne qui a recueilli plus de 213.000 signatures
pour soutenir le classement des Frères Musulmans parmi les organisations
terroristes, la Maison Blanche a publié cette semaine une déclaration expliquant pourquoi elle ne considère pas
l’organisation égyptienne comme terroriste.
La déclaration souligne le « manque
d’éléments crédibles prouvant que les Frères Musulmans auraient renoncé à leur engagement,
qui dure depuis plusieurs décennies, en faveur de la non-violence. »
Les Frères Musulmans ont toutefois un autre
engagement, qui dure lui aussi de plusieurs décennies, à savoir celui de
cautionner et de soutenir ouvertement les attentats terroristes contre Israël.
Ce soutien trouve son origine dans l’article 2 de la charte
du Hamas qui identifie
clairement ce dernier comme « l’une des ailes des Frères Musulmans en
Palestine. » Ce soutien se poursuit aujourd’hui par des déclarations
encourageant et approuvant les attentats du Hamas.
Au moment où, en août dernier, la guerre
faisait rage entre Israël et le Hamas, une déclaration publiée sur le site des Frères
Musulmans et
traduite par l’Investigative Project on Terrorism, faisait l’éloge « des
courageuses factions de la résistance qui ont donné [aux Palestiniens] une
leçon d’héroïsme, de foi et de courage. Ils ont décimé leurs soldats et leurs
officiers… » La déclaration continue en disant que la confrontation
violente « est la position naturelle à adopter par les héros palestiniens
qui ont prouvé que la défaite des sionistes est possible et d’autant plus
proche quand la volonté de la Oumma [communauté des musulmans] est une, par la
volonté d’Allah. »
Le président Obama a soutenu publiquement le droit d’Israël « de se défendre contre
ce que je considère comme des attentats inexcusables du Hamas » notamment
ses tirs de roquettes visant indistinctement les civils israéliens. Les Frères
Musulmans, au contraire, ont appelé à davantage d’attentats et souhaité
« la défaite des sionistes ».
Mais cela n’a pas suffi à l’administration
Obama pour remettre en question « l’engagement, qui dure depuis plusieurs
décennies, en faveur de la non-violence. » D’autres déclarations de la Confrérie
montrent qu’il s’agit là de pure rhétorique même en des temps plus paisibles.
Un communiqué du mois de juin appelait à la « résistance contre
l’ennemi sioniste occupant » – un appel voilé au terrorisme – qui est « un
droit légitime et un devoir sacré approuvé par toutes les lois, coutumes et
constitutions et qui est le seul moyen viable pour rétablir le droit et
répondre à l’agression. »
Dans une déclaration d’avril 2010, marquant le 62ème anniversaire de
la création de l’État d’Israël – appelée par les Palestiniens Nakba, c’est-à-dire catastrophe – il est
dit que la seule voie possible est de poursuivre les tentatives de destruction
d’un pays existant.
Selon les termes de la déclaration des Frères
Musulmans, « la destruction des sionistes ne se fera qu’au moyen d’un plan
arabe et islamique qui rejette l’humiliante initiative de paix proposée depuis
2002, qui rejette les mesures de normalisation des relations avec l’entité
sioniste ; qui revoie les accords de paix et les relations diplomatiques
conclus avec cette entité ; qui rejette les négociations insensées entre
les Palestiniens et les sionistes comparables à des négociations entre un
agneau et une meute de loups. »
Les États-Unis considèrent le Hamas comme une
organisation terroriste depuis 1995, époque où le président Bill Clinton a
signé un ordre exécutif dénonçant de « graves actes de violence
commis par des terroristes étrangers qui entravent le processus de paix au
Moyen-Orient » et menacent la sécurité nationale des États-Unis.
Par le passé, les États-Unis ont mené une série
de poursuites agressives contre des opérations réalisées dans le pays en
soutien au Hamas. En décembre 2001, ils ont gelé les avoirs, situés au Texas,
de la Holy Land Foundation for Relief and Development [NdT
Fondation de Terre sainte pour l’aide et le développement] qu’ils ont alors étiquetée comme une organisation spécifiquement dédiée
au terrorisme planétaire. Cette décision a été motivée par le fait que cette
fondation avait transféré des millions de dollars au profit d’associations
caritatives contrôlées par le Hamas en Cisjordanie et à Gaza. Par la suite, la
fondation et quatre de ses anciens responsables ont été poursuivis par le gouvernement et condamnés par
un jury.
Des rapports internes saisis par le FBI et
produits comme preuves lors de ce procès ont montré que la Fondation agissait
par l’intermédiaire d’une organisation écran appelée Palestine Committee et créée par les Frères Musulmans avec pour mission de soutenir politiquement et
financièrement le Hamas.
Certains pourraient objecter que cette histoire
est ancienne. Cependant, un simple coup d’œil sur les paroles et les actes de
la Confrérie indique que celle-ci continue à apporter un soutien sans faille au
Hamas et à ses attentats violents contre les Israéliens.
Au début de la semaine, des reportages ont fait
état de l’arrestation de membres de la branche jordanienne des Frères Musulmans
qui tentaient de faire entrer des armes clandestinement en Cisjordanie en vue de faciliter des
attentats.
Dans un message posté en ligne le mois dernier,
Yousouf al-Qaradawi, considéré comme le religieux le plus influent
parmi les Frères Musulmans, a incité les musulmans à livrer « la plus
grande des batailles de libération » contre Israël et les juifs. Qaradawi,
qui dispose également d’un programme très écouté sur la chaîne Al-Jazeera, ne
cesse d’accumuler les déclarations de soutien aux attentats terroristes, lui
qui a prié pour avoir la chance, avant de mourir, de pouvoir se rendre
« dans le pays du djihad et de la résistance » et d’y « tuer les
ennemis d’Allah que sont les juifs ».
Vendredi, Interpol a publié un communiqué indiquant que Qaradawi, âgé de 88 ans, était
recherché par les autorités égyptiennes pour « incitation et aide à
commettre un homicide volontaire. »
En juillet 2013, Mohamed Morsi, l’un des
responsables des Frères Musulmans, a été démis de ses fonctions de président de
l’Égypte à la suite des manifestations de rues de grande ampleur en signe de contestation
de son pouvoir. Peu après cette destitution, le parti politique de la Confrérie
a posté sur Facebook une note incitant les disciples à se débarrasser de
leurs frustrations en brûlant des églises coptes.
La note émanant de la branche du Parti de la
Liberté et de la Justice située dans le gouvernorat de Helwan, près du Caire, indique :
« Le pape de l’Église (copte Théodore II) a pris part à l’éviction du
premier président islamiste élu. Le pape de l’Église reproche à la loi
islamique de favoriser le sous-développement et la stagnation. Dès lors que
l’Église choisit de faire la guerre à l’islam et aux musulmans, commettant ainsi
le pire des crimes, elle pose un acte qui appelle une réaction. »
Avant l’éviction de Morsi, la Maison Blanche a
accueilli une délégation de responsables des Frères Musulmans et les a même
aidés dans leur déplacement en leur évitant les contrôles habituels aux aéroports au moment de leur atterrissage aux États-Unis.
Des responsables du Département d’État
américain ont eu de nombreux contacts avec des responsables des Frères
Musulmans durant les années qui ont directement précédé la révolution du
Printemps arabe en Égypte.
En avril 2010, l’ambassadrice américaine Anne
Paterson rapportait dans un télégramme que le guide suprême des
Frères Musulmans, Mohammed Badie, avait « réaffirmé que les Frères
Musulmans étaient un [mouvement] non-violent. »
En février 2011, le directeur du renseignement
national des États-Unis, James Clapper, décrivait également les Frères Musulmans
comme un mouvement « en grande partie laïque » qui « évitait la violence ».
Quatre mois plus tard, la secrétaire d’État américaine, Hillary Rodham Clinton,
déclarait que les États-Unis se préparaient à élargir le
dialogue aux Frères Musulmans dans le cadre d’un engagement consistant à
« discuter avec toutes les parties paisibles et engagées dans la
non-violence. »
Le mois dernier, après la mort de quatre
rabbins tués par deux terroristes palestiniens dans un attentat sanglant à
Jérusalem, le secrétaire d’État américain John Kerry a imputé les meurtres aux appels de Palestiniens à des « jours
de colère » et a déclaré que les dirigeants palestiniens devaient
envisager sérieusement de s’abstenir de telles incitations. Ces appels
trouvaient leur source dans une campagne d’incitation menée parmi les
Palestiniens et qui affirmait erronément qu’Israël était sur le point d’imposer
sa souveraineté sur le Mont du Temple où est située la mosquée Al-Aqsa.
Or les Frères Musulmans ont répandu le même
message, disant que la mosquée était « attaquée » et devait être
défendue.
Dans un message du mois de mai, les Frères Musulmans déclaraient :
« Nous insistons sur le fait que la cause d’Al-Aqsa et de Jérusalem est la
cause suprême qui réalise l’unité de parole et le rejet de la division et que
la libération de Jérusalem et d’Al-Aqsa est l’objectif majeur de tous les
hommes libres une fois obtenue la liberté de leur volonté et de leur pays. Et
ce n’est pas le coup d’État fasciste et sanglant préparé par les sionistes, soutenu
par l’Occident, financé par les Arabes acquis au sionisme et promu par les
médias d’hommes d’affaires corrompus qui va nous détourner de cet
objectif. » Le message se poursuit : « Nous sommes certains que
ce coup d’État annonce l’effondrement et une chute à la portée des
révolutionnaires libres, si Allah le veut. »
Accorder généreusement le bénéfice du doute aux Frères Musulmans n’est pas neuf dans le
chef de l’administration Obama. Or il n’y a pas vraiment de logique dans le
fait de désigner, à juste titre, le Hamas comme un groupe terroriste dont les
actions coûtent des vies américaines et menacent la sécurité nationale et, dans le
même temps, de traiter sa filiale comme un groupe engagé dans la non-violence
et digne d’être reconnu au plan international. Est-ce là un exemple de
l’aveuglement du gouvernement qui voit ce qu’il veut voir plutôt que ce qui
existe réellement ?
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