IPT News
20 novembre 2014
Version originale anglaise : Days Before UAE Terror Designation, CAIR Awards
PIJ Board Member
Traduction française :
Johan Bourlard
Des responsables du Council on American-Islamic
Relations (CAIR) ont exprimé leur étonnement et leur embarras face à la décision
prise
par les Émirats arabes unis de faire figurer l’organisation islamiste
américaine sur une liste d’organisations terroristes.
« Eh bien, nous sommes tout d’abord
choqués », a dit sur CNN
mardi le cofondateur et directeur exécutif du CAIR Nihad Awad. « C’est une
attitude curieuse de la part des Émirats et c’est pourquoi nous tentons
d’obtenir des éclaircissements par rapport à cette décision, non seulement
nous, le CAIR, mais aussi d’autres organisations civiles musulmanes dont la Muslim
American Society et la plus grande organisation d’aide aux musulmans en
Occident. C’est à la fois inquiétant et choquant de voir qu’un État comme les
Émirats arabes unis pointe une organisation américaine de défense des droits
civils comme le CAIR. »
La liste des groupes terroristes a été révélée
samedi par Buzzfeed, qui a cité l’annonce
faite dans les médias officiels des Émirats.
Une semaine plus tôt, le CAIR organisait en
Californie un banquet
pour la remise de son prix pour la « Promotion de la Justice » à Sami Al-Arian et sa
famille. Dans les années 1990, Al-Arian siégeait à la choura du Djihad
islamique palestinien – le conseil d’administration – et a donné asile à au
moins trois autres membres de ce conseil aux États-Unis dont
l’actuel secrétaire général du Djihad, Ramadan Shallah.
En 1991, lors d’un discours prononcé à
Cleveland, Al-Arian avait été présenté comme le chef d’une association
caritative appelée l’Islamic Committee for Palestine [Comité islamique pour la
Palestine]. L’imam Fawaz Damra a expliqué à l’assistance : « Une
brève explication à propos du Comité islamique pour la Palestine : il
s’agit de la branche active du mouvement du Djihad islamique en Palestine. Nous
avons préféré l’appeler Comité islamique pour la Palestine pour des raisons de
sécurité. »
Au cours d’une session ultérieure consacrée à
la collecte de fonds, Damra a prié instamment l’assistance de donner
au Djihad islamique, en évoquant un attentat qui venait d’être commis par
l’un de ses membres. Damra a ajouté : « Celui qui souhaite faire un
chèque peut le faire à l’ordre du Comité islamique pour la Palestine ou ICP en
abrégé. »
Quatre ans plus tard, au lendemain d’un double
attentat suicide en Israël qui avait coûté la vie à 21 Israéliens, Al-Arian a envoyé
une lettre à un législateur koweitien en quête d’argent « pour mener
le djihad en Palestine de façon à ce que des opérations comme celle-là se
poursuivent… »
Al-Arian a prétendu que la lettre n’avait
jamais été envoyée. Toutefois, une copie de cette lettre, écrite à
la main en arabe et signée, avait été retrouvée à son domicile par les
agents fédéraux américains lors d’une perquisition menée en novembre 1995.
En 2006, lors d’une audience de fixation de
peine d’un tribunal de district américain, le juge James Moody s’est
adressé à Al-Arian en ces termes : « Dans cette affaire, il apparaît
clairement que vous étiez un dirigeant du Djihad islamique palestinien. Vous
faisiez partie de son conseil d’administration dont vous étiez aussi le
secrétaire. Les administrateurs contrôlent les activités d’une organisation
même quand il s’agit du Djihad islamique dont vous étiez d’ailleurs un
dirigeant actif. »
Al-Arian a plaidé coupable, reconnaissant avoir
comploté pour fournir des biens ou des services au Djihad islamique. L’accord
qu’il a alors passé avec la justice comportait
un aveu de sa part concernant son implication dans le Djihad islamique
palestinien. Toutefois, il n’a jamais reconnu l’ampleur de cette implication et
n’a certainement jamais désavoué les statuts de l’organisation, retrouvés chez
lui et indiquant :
« Le rejet de toute solution pacifique pour la cause palestinienne et
l’affirmation du djihad comme solution et de la voie du martyre comme seule
option pour la libération. »
Les statuts mentionnent l’objectif de créer
« un état de terreur, d’instabilité et de panique dans l’âme des sionistes
et surtout dans celles des groupes de colons, qui les force à abandonner leurs
foyers. »
Les responsables du CAIR savent toutes ces
choses mais cela ne les empêche pas de soutenir
Al-Arian depuis bientôt vingt ans. Ils savent également que l’accord qu’il
a passé avec la justice mentionne son acceptation
d’être expulsé.
Le 8 novembre, au moment de la remise du prix,
Maleeha Haq, vice-président du CAIR à San Francisco, expliquait que « le
choix s’était porté tout naturellement sur la famille Al-Arian. Depuis plus de
11 ans, ils sont au centre d’une campagne injuste dirigée par le gouvernement. Alhamdulillah, le gouvernement a
finalement décidé d’abandonner toutes les charges infondées contre Sami
Al-Arian. Cependant il demeure dans l’incertitude quant à la procédure
d’expulsion. »
Al-Arian a remercié le CAIR pour le prix et
incité l’assistance à lutter contre les coups montés de la police et de la
justice qui, selon lui, s’en prennent injustement aux musulmans.
Dans un message vidéo, Al-Arian a
déclaré : « Mais la seule chose que nous puissions faire pour arrêter
ça… c’est d’organiser une campagne publique en vue de changer le gouvernement.
Frères et Sœurs, nos jeunes hommes ne devraient pas être sacrifiés sur l’autel
de l’islamophobie ou d’une prétendue guerre contre le terrorisme. Les nôtres ne
devraient pas être visés en raison de leurs convictions ou de leur
participation à des associations. Nous devons dire non au délit d’opinion, non
aux poursuites préventives… Ce problème est ignoré par notre communauté depuis
trop longtemps. C’est un défi que nous devons relever. Frères et Sœurs,
Mesdames et Messieurs, si vous ne le faites pas, qui le fera ? et si pas
maintenant, quand alors ? »
Lors du banquet qui s’est tenu au Santa Clara
Convention Center, Awad, directeur exécutif national du CAIR, a également pris
la parole. Malgré des données
solides du FBI montrant que le nombre de crimes motivés par la haine
antimusulmane demeure relativement stable et bien moins problématique que les
crimes visant les juifs, les noirs et les homosexuels, Awad a lancé un
avertissement terrible à l’assistance.
« L’islamophobie constitue une crise nationale
pour la communauté musulmane », a-t-il dit. « L’islamophobie
constitue une menace pour l’existence, présente et future, de l’islam et pour
la liberté de culte des musulmans dans ce pays. »
La qualification de terroriste opérée par les
Émirats, pays musulman, ne devrait pas être annoncée avant une semaine. Elle
serait due aux liens que le CAIR entretient avec les Frères Musulmans égyptiens.
Mardi, lors d’une apparition télévisée sur CNN, Awad a qualifié ces allégations
de fantaisistes.
« Nous n’avons jamais été liés aux Frères
Musulmans », a-t-il insisté. « Nous n’en sommes pas. Nous sommes un
organisme américain indépendant et ces gouvernements ne devraient pas prendre
la culpabilité par association pour argent comptant.
Des documents internes aux Frères Musulmans
rapportent une tout autre histoire. Ils montrent qu’Awad,
à titre individuel, et le CAIR,
en tant qu’organisation, font partie d’un réseau de soutien au Hamas créé aux
États-Unis par la Confrérie sous le nom de Palestine Committee.
En 1993, Awad a participé à une séance secrète
du Palestine Committee. D’ordre stratégique, cette réunion était destinée à
définir les manières de « faire dérailler » l’initiative de paix
d’Oslo que venait d’obtenir la médiation américaine, tout en évitant
d’apparaître comme le soutien du Hamas. Awad a même fait référence au Hamas sous
le nom de code indiqué par les organisateurs, à savoir le nom du Hamas lu à
l’envers « Samah ».
En 2008, ces liens ont suffi au FBI pour rompre
tout contact avec le CAIR. Un juge fédéral a statué
qu’il existait « des preuves manifestes pour établir » un lien entre
le CAIR et la branche palestinienne des Frères Musulmans qu’est le Hamas.
Lors du banquet, Awad a reconnu les
contributions apportées au CAIR par le cofondateur et ancien président national
Omar Ahmad qu’un
agent du FBI a décrit comme étant « un dirigeant au sein du Palestine
Committee ».
La qualification de terroriste opérée par les
Émirats ne signifie pas pour autant que le CAIR participe à la préparation
d’attentats. Mais comme nous l’avons démontré à
plusieurs reprises, le CAIR ne voit aucune objection à soutenir ceux qui
favorisent le terrorisme au moyen du financement, de la propagande et de bien
d’autres moyens. Les gens aiment Al-Arian,
les membres de la direction de la Holy
Land Foundation [NdT Fondation
pour la Terre sainte] ou encore la Palestinienne Rasmieh
Odeh, inculpée pour attentats à la bombe.
En récompensant le directeur du Djihad
islamique palestinien peu avant d’être épinglé par les Émirats comme
organisation terroriste, le CAIR ne fait rien pour crédibiliser les plaintes selon
lesquelles il serait injustement sali.
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