Par Daniel Pipes
The Washington Times
9 janvier 2014
Version
originale anglaise : How Terrorism Harms Radical Islam
Traduction française : Johan
Bourlard
Une
épidémie récente d’attentats de grande ampleur commis par des musulmans au nom
de l’islam – au Canada, en Israël, au Nigéria, en Australie, au Pakistan et en
France – suscite une question évidente : comment les auteurs islamistes de
ces attaques peuvent-ils s’imaginer que le fait de tuer un garde d’honneur, de
foncer avec une voiture dans une foule de passants, de massacrer les passagers
non-musulmans d’un bus, de prendre en otages les tenanciers d’un café, de
massacrer des enfants de militaires dans une école ou des caricaturistes,
comment peuvent-ils s’imaginer atteindre leur objectif qui est l’application de la loi islamique et l’instauration
d’un califat ?
En
toute logique, leur violence ne peut leur servir que si elle terrorise leurs
ennemis et les force à plier face aux exigences islamistes. Après tout,
l’intimidation constitue l’essence même du terrorisme et il arrive parfois que
le terrorisme islamiste atteigne cet objectif. À titre d’exemple, pour éviter
le moindre problème, un nombre conséquent d’artistes
se sont autocensurés sur la question de l’islam. En outre, la réponse apportée
à la va-vite par le gouvernement espagnol aux attentats de Madrid en 2004 a
permis au parti d’opposition de remporter les élections et de retirer les
troupes espagnoles de l’Irak.
Toutefois
la règle est que le terrorisme conduit non pas à l’intimidation mais à la
colère et à l’hostilité. Au lieu de susciter l’intimidation, il réveille les
consciences et provoque la haine envers la cause islamiste aussi bien chez les
musulmans que chez les non-musulmans. Plutôt que de servir la cause islamiste,
les actes de violence à grande échelle ne font que la desservir. Quelques
exemples marquants :
· Le 11 Septembre, qui a sorti
l’islamisme de l’ombre dans laquelle il s’était développé, est à l’origine
d’une « guerre contre le terrorisme » dirigée par l’Amérique et d’un renforcement
important du sentiment d’opposition à l’islamisme ;
·
En
2004, le massacre d’enfants dans une école de Beslan a empoisonné les relations
qu’entretenaient les Russes avec les musulmans et a permis à Vladimir Poutine
de renforcer son pouvoir ;
·
En
2013, les attentats à la bombe au marathon de Boston ont provoqué le bouclage
d’une vaste zone urbaine, donnant à des millions de gens un avant-goût de
l’oppression islamiste ;
· Mercredi dernier, le meurtre de
douze personnes à Paris a provoqué un sursaut national de défi qui met les
islamistes sur la défensive comme jamais auparavant. Comme le laissent présager
les premières heures qui ont suivi l’attentat, une part importante de
l’électorat français exigera davantage de mesures concrètes contre l’islam
radical.
La
couverture de Charlie Hebdo qui a le
plus irrité les islamistes.
Par
contre, les actes terroristes peu médiatisés n’ont pas cet effet
contreproductif. Pour ne citer qu’un exemple, la décapitation de deux chrétiens coptes par des musulmans égyptiens dans
le New Jersey en 2013, a été peu médiatisée et a dès lors engendré peu de mouvements
de colère. En raison du dégoût qu’elles provoquent au sein de la
police, du monde politique, médiatique et universitaire, la plupart des
attaques djihadistes de ce genre tendent à ne pas être publiées, empêchant
ainsi une augmentation des sentiments antimusulmans. (Malheureusement, ceux qui
ont un devoir de protection cachent trop souvent la vérité.)
Dès
lors, si la violence de grande ampleur est contreproductive, pourquoi les
islamistes persistent-ils dans cette attitude autodestructrice ? C’est en
raison de la colère et d’une prédisposition à la violence.
Colère. Les islamistes, surtout les plus
extrêmes, débordent d’amertume, d’aigreur, de ressentiment et de jalousie. Ils
exaltent la période médiévale, époque où les musulmans étaient les plus riches,
les plus avancés et les plus puissants, et expliquent le déclin des musulmans
comme la conséquence de la duplicité et de la trahison des Occidentaux. Ce
n’est qu’en opposant une riposte courageuse à ces croisés et ces sionistes qui
sont tous de connivence, que les musulmans pourront retrouver l’honneur et la
puissance qui leur reviennent. L’expression de la colère devient un but en soi
et conduit à l’aveuglement, à l’incapacité à s’organiser, à une absence de
pensée stratégique et à des pulsions mégalomaniaques.
Prédisposition à la violence. Convaincus d’avoir la
connaissance directe de la volonté divine, les islamistes fomentent la
violence. Effrayer l’ennemi toujours plus avant de le châtier, tel est le rêve
ultime des islamistes, l’assouvissement d’une intense frustration, le triomphe
de la supériorité de l’islam sur les autres religions et sur tous ces musulmans
dont la foi est jugée trop tiède. Les attentats suicides, les décapitations,
les assassinats de type maffieux et d’autres actes de récriminations grotesques
expriment un désir profond de vengeance.
À
long terme ces actes de violence vont par conséquent provoquer un tort énorme à
la cause islamiste. Par ailleurs, les victimes de cette violence – quelque 10.000
morts et 2800 attaques rien qu’en 2013 – ne sont
pas mortes en vain mais ont involontairement sacrifié leurs vies dans une déplorable
guerre d’influences. Les assassinats ciblés comme ceux des caricaturistes
français ont un impact démultiplié sur l’opinion publique.
En
somme, l’autosatisfaction et l’inconséquence tactique sont les caractéristiques
de la campagne islamiste. La catastrophe du programme islamiste se résume à
l’inconséquence de ses stratégies. C’est ce qui m’amène à conclure que
l’islamisme connaîtra un destin similaire à celui du fascisme et du communisme,
à savoir terminer dans les poubelles de l’histoire. À l’instar du fascisme et
du communisme, il promet de terribles destructions et de nombreux morts avant son
échec final. La guerre sera longue et douloureuse mais à la fin, les forces
civilisées viendront à nouveau à bout de la barbarie.
Le
coup d’éclat terroriste commis récemment au nom de l’islam semble servir la
cause islamiste. En réalité, il porte à son programme un coup qui le rapproche
de sa ruine bien méritée.
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