Special
to IPT News
16
août 2014
Version
originale anglaise : Who
watches the watchers ?
Traduction
française : Johan Bourlard
Le spectacle médiatique offert par la
couverture du conflit entre Israël et Gaza demeure le seul domaine
d’investigation dont nous ayons vraiment besoin.
Comme
toujours quand il s’agit d’Israël, de nombreuses organisations – représentant
les Nations unies, La Haye, l’Union européenne, des groupes de défense des
droits de l’homme, des ONG – ont annoncé, au début de la semaine dernière, leur
intention « d’enquêter et de passer en revue » les opérations
militaires entreprises par Israël et le Hamas au cours de ces cinq dernières
semaines afin de déterminer si des « crimes de guerre » ont été
commis.
L’histoire
récente nous a montré à maintes reprises avec quelle virulence pratiquement
toutes ces organisations ont manifesté leurs penchants anti-israéliens (pour ne
pas dire parfois antisémites) vociférant contre Israël, accusé de crimes de
guerres, et répétant ainsi pour la énième fois l’accusation selon laquelle Israël
serait coupable de tous les maux, que ce soient des crimes de guerre, des
violations massives des droits humains ou encore de génocide.
Aucun
autre pays au monde – pas même le Soudan, la Corée du Nord et l’Iran qui ont
commis de véritables violations massives des droits humains – n’a jamais été
l’objet d’un flot de condamnations comparable à celui qu’a subi spécifiquement Israël.
Et même si les actions du Hamas sont officiellement inscrites à l’ordre du jour
des investigations de ces organismes, on sait que cela n’est que de la poudre
aux yeux destinée à couvrir leurs investigations d’un vernis d’impartialité.
Hier,
l’ONU a annoncé que près de 2000 civils ont été tués, rien que ces deux
derniers jours, dans le conflit qui oppose l’Ukraine aux séparatistes
pro-Russes dans l’est du pays. Deux mille en deux jours ? En cinq semaines,
1957 morts sont tombés à Gaza, dont la plupart étaient de véritables
terroristes et non des civils comme l’ont laissé croire perfidement les grands
médias et les agences de l’ONU. Il ne faut toutefois pas s’attendre à un déluge
d’investigations de la part de l’ONU ou des groupes de défense des droits de
l’homme. Quant aux médias internationaux ils ont été, comme on pouvait s’y
attendre, aux abonnés absents lors de la couverture des événements en Ukraine qui
ont fait 2000 morts.
Et
pour cause : la prestation médiatique qu’a été la couverture du conflit
entre Israël et Gaza demeure le seul domaine d’investigation dont nous ayons
vraiment besoin. Et si la vérité doit être dite, pourquoi les médias
devraient-ils craindre que cette prestation soit soumise à la critique ?
Après tout, le journalisme est une profession qui proclame sa supériorité
morale, qui affirme rechercher uniquement « la vérité », qui prétend
être la seule institution dans une société libre capable de faire rendre compte
des actions du gouvernement – d’où le sobriquet de « quatrième
pouvoir » donné aux médias – et qui stigmatise la moindre critique de ses
prestations comme une atteinte à la « liberté d’expression ».
Mais
qui donc observe les observateurs ?
En
fait, personne. Pourtant les médias prétendent volontiers exercer un contrôle
sur eux-mêmes, affirmant que tout contrôle externe constituerait une violation
du droit fondamental qu’est la liberté d’expression. Ainsi de temps en temps, mais
c’est tellement rare, nous pouvons voir les médias reconnaître leurs erreurs et
leurs approximations dans leur travail d’information. Toutefois, d’une façon
générale, ces aveux ne sont pas inspirés par les pontes des grands médias mais
bien par les « petits » médias situés hors du cercle des initiés, par
des observateurs et des critiques extérieurs qui ont pris les médias la main
dans le sac et par des journalistes vraiment intègres, et ils sont rares,
repoussés et raillés par les grands médias. Il suffit de penser aux journalistes
Bernard Goldberg et Sharyl Attkisson, lâchement dénigrés et attaqués par les
grands médias après avoir eu le culot – en fait l’honnêteté – de critiquer la prestation
de leurs propres coreligionnaires.
La
question qui se pose dans le cas présent est de savoir de quelle honnêteté et
de quelle rigueur les grands médias ont fait preuve dans le traitement du
conflit entre Israël et Gaza et plus particulièrement quelle a été l’honnêteté,
l’impartialité et la précision des grands médias – comme le Washington Post, la National Public Radio, le New York Times et CNN – dans la couverture des actions du Hamas à
Gaza, de ses violations des droits de l’homme et de ses atrocités ainsi que des
menaces qu’il a adressées à des journalistes. Nous savons tous très bien comment
ils ont couvert les actions d’Israël à Gaza. La couverture des morts et des
dégâts à Gaza était assurée à la fois par la presse écrite et parlée souvent
sans fournir d’explication critique disant qu’Israël avait pour cibles les
sites de lancement de missiles du Hamas, ses quartiers généraux et ses sites
militaires – tous nichés dans les centres urbains de la Bande de Gaza, dans des
écoles, des hôpitaux ou des antennes de l’ONU.
Dans
la couverture des événements réalisée par les médias en question, il n’y a pas
eu la moindre photo d’un terroriste du Hamas, pas la moindre photo d’un site du
Hamas niché au cœur d’une zone d’habitations, dans une école de l’ONU, un
hôpital, un immeuble d’appartements, un jardin d’enfants. Pas le moindre
reportage ni la moindre photo des exécutions de dissidents palestiniens par le
Hamas. Et pas un seul reportage sur les menaces et actions de harcèlement
palestiniennes exercées sur les journalistes suspectés par le Hamas de montrer ces
réalités. Ce fut dès lors une agréable surprise de voir la semaine dernière la
Foreign Press Association (FPA), une organisation de 480 journalistes couvrant
Israël, la Cisjordanie et Gaza, se fendre d’une déclaration
pour condamner les menaces et les intimidations exercées par le Hamas sur les
journalistes.
Sachant
qu’il émane de la FPA, connue davantage pour son antipathie à l’égard d’Israël
que pour ses critiques envers le Hamas, le texte de la déclaration mérite
d’être reproduit :
« La
FPA s’élève de la façon la plus énergique contre le recours manifeste,
systématique et peu orthodoxe à la force par les autorités du Hamas et par
leurs représentants contre les journalistes internationaux présents à Gaza le mois
dernier. Les médias internationaux ne sont pas des organismes militants et ne
peuvent être empêchés d’informer par des moyens de pression comme des menaces,
qui priveraient leurs lecteurs et leurs téléspectateurs d’une image objective
du terrain. À plusieurs reprises, des reporters étrangers travaillant à Gaza
ont été harcelés, menacés ou interrogés à propos des reportages et des
informations qu’ils diffusent au travers de leurs médias d’information ou des
médias sociaux. Nous sommes également conscients que le Hamas tente d’engager un
processus « minutieux » visant concrètement à l’établissement d’une
liste noire de journalistes. La FPA s’oppose avec force à ce processus. »
Voilà
une déclaration vraiment extraordinaire. Mais les grands médias américains
ont-ils relayé ce mea culpa ? Aucun d’entre eux n’en a soufflé le moindre
mot. Aucun.
Pire.
Certains journalistes comme Jodi Rudoren, chef du bureau du New York Times en Israël, ont ignoré
royalement la déclaration de la FPA. Dans un message
reproduit sur le blog CAMERA, un observatoire des
médias, la réponse de Rudoren à la déclaration de la FPA fut à la fois courte
et claire : « Tous les reporters que j’ai rencontrés et qui étaient à
Gaza disent que le discours israélien tenu à présent par la FPA à propos du
harcèlement du Hamas est un non sens. »
Le
blog CAMERA cite ensuite les témoignages de nombreux journalistes qui, à leur
retour de Gaza, disent la façon dont ils ont été menacés, intimidés et
manipulés par le Hamas.
Mais,
selon Rudoren, tout cela fait certainement partie d’une histoire montée de
toutes pièces par les sionistes, à l’instar des reportages sur les attaques
massives que le Hamas projetait de lancer depuis les tunnels en période de
grandes fêtes juives, dans le but de tuer des dizaines de milliers de civils
israéliens. Or dans la série de plus de 800 reportages publiés dans le New York Times durant ces cinq semaines
de guerre, le quotidien n’a jamais eu un mot à ce sujet. Pourquoi ? Selon
un e-mail de Rudoren que j’ai pu obtenir, celle-ci affirme avoir parlé à un
responsable de l’armée israélienne qui a qualifié les projets d’attaques par le
Hamas de « complètement faux », de « rumeur dénuée de preuve ».
Lorsque
j’ai interrogé Peter Lerner, porte-parole de Tsahal, au sujet de ce complot, il
m’a répondu : « le renseignement de l’armée israélienne a confirmé
sans l’ombre d’un doute que le Hamas avait planifié une attaque par les tunnels
dans le but de tuer des milliers de civils israéliens. » Pratiquement tous
les médias israéliens – même Ha’aretz
connu pour ses opinions très à gauche – ont parlé de ce projet de massacre fomenté
par le Hamas. Un projet qui sera resté inaperçu pour les lecteurs du New York Times, en raison des impératifs
idéologiques manifestement pernicieux du chef du bureau du journal en Israël.
Rudoren
était interviewée le 30 juillet dans une émission de la CNN par Hala Gorani
qui, par les questions qu’elle posait à Rudoren, a exposé sans fard les
tendances anti-israéliennes de la chaîne : « Jodi, nous venons de
montrer à nos téléspectateurs ces images diffusées par les réseaux
internationaux et qui montrent la destruction complète et le désastre
humanitaire qui règnent à Gaza. Les Israéliens ont-ils accès à ces images dans
leur propre pays ? »
Réponse
de Rudoren : « Pas énormément. Je veux dire, certaines sûrement. Mais
d’une certaine manière, il faut aller les dénicher. Quelqu’un m’a dit qu’ils
regardaient Al Jazeera pour avoir également l’autre son de cloche. »
En
fait, comme tous ceux qui regardent la télé israélienne ont pu s’en rendre
compte, les dommages causés par Tsahal à Gaza ont été largement diffusés et
commentés. Les propos de Rudoren concernant les Israéliens et Al Jazeera sont
tout simplement une invention. Mais pour CNN, on ne pouvait pas croire que les
Israéliens ne désavoueraient pas leur gouvernement qui les a protégés contre
les pluies de roquettes et les dizaines de tunnels creusés en direction
d’Israël pour y lancer des attaques meurtrières de masse. Contrairement à CNN,
la télévision israélienne a également montré la façon dont le Hamas a stocké
des munitions et lancé des missiles à partir de mosquées, d’hôpitaux, d’écoles
et d’installations onusiennes. La télé israélienne a montré aussi des photos
des installations de contrôle et de commande du Hamas à l’hôpital d’Al-Shifa
ainsi que les photos des sites de stockage des munitions et des missiles situés
au cœur des zones civiles.
Dans
une autre émission de CNN diffusée le 3 août 2014, l’animateur Brian Stelter
reconnaissait que des téléspectateurs s’étaient plaints du fait que la chaîne
s’abstenait délibérément de montrer des images de terroristes du Hamas ou de
leur façon d’opérer à partir de zones civiles.
Stelter :
« À Gaza, le Hamas exerce-t-il des pressions sur les journalistes et
cherche-t-il à les intimider pour qu’ils ne montrent que des civils et non ceux
qu’Israël appelle terroristes ? »
Eh
bien j’ai posé la question au responsable du département international de CNN,
Tony Maddox, et il m’a répondu non. »
Nous
publions ici son commentaire : « Nos journalistes sur le terrain ont
dit à plusieurs reprises qu’on trouve rarement des militants du Hamas dans les
rues de Gaza. Nous n’avons reçu aucune intimidation du Hamas ni reçu aucune
menace concernant nos reportages. Jusqu’à présent, ils ont refusé toutes nos
demandes d’interview à Gaza. »
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