par John Rossomando
IPT News
20 août 2014
Version originale anglaise :
Aggressive Propaganda Helps Islamic State
Lure Followers Away From Al-Qaida
Traduction française : Johan
Bourlard
Les succès enregistrés sur le
front par l’État islamique, anciennement État islamique en Irak et en Syrie
(EIIS), pourraient se traduire en véritable compétition avec Al-Qaïda concernant la
fidélisation des recrues djihadistes.
Ces succès ont inquiété les
experts du renseignement. Al-Qaïda et l’État islamique sont désormais engagés
dans une lutte pour devenir la « première organisation terroriste », a déclaré dimanche Mike Rogers, président du House
Intelligence Committee.
Dans l’émission « Face the
Nation » de la chaîne CBS, Rogers a déclaré : « Avant le
11-Septembre, il existait contre les États-Unis des courants d’un niveau de
menace similaire. Assez sérieux donc. Comme chacun le sait ils sont entrés et
ont dirigé les attentats du 11-Septembre. À présent, on est face à une
multiplicité d’organisations, toutes du type d’Al-Qaïda, qui tentent de faire
la même chose. »
L’État islamique possède des
avantages tactiques par rapport à Al-Qaïda, qui a officiellement renié l’EIIS en février. Ces avantages
comportent également au moins un milliard de dollars en métaux précieux, tanks,
hélicoptères et armes lourdes ainsi que le contrôle d’une zone aussi grande que
l’Indiana, a ajouté Rogers.
Rogers a également fait remarquer
que l’État islamique percevait grâce aux ventes illicites de pétrole environ un
million de dollars par jour. En outre, les terroristes de l’État islamique sont
mieux entraînés que leurs actuels concurrents
d’Al-Qaïda.
La capacité de l’État islamique à
concurrencer Al-Qaïda dans l’engagement de nouvelles recrues, avec l’espoir de
devenir la première organisation terroriste du monde, provient en grande partie
de la propagande agressive qu’il mène sur les réseaux sociaux. Chaque jour, ses
partisans font la promotion virtuelle de leurs victoires sur Twitter.
Des vidéos et des images montrant
les violences perpétrées par les combattants de l’État islamique racontent aux
recrues potentielles que, si elles rejoignent le djihad, elles combattront pour
mettre fin aux divisions entre les musulmans et reprendre les gloires perdues
que sont Jérusalem et Al-Andalus (l’Espagne). La décapitation du reporter américain James
Wright Foley ainsi que la menace de tuer le journaliste Steven Joel Sotloff en
représailles aux bombardements américains, vont sans aucun doute renforcer l’aura
de l’organisation auprès des djihadistes les plus farouches.
À présent, certaines sources indiquent
que l’État islamique a recruté 6.300 hommes en Syrie au cours du mois de
juillet – dont environ un millier de combattants étrangers. Selon les premières
estimations, le groupe terroriste comptait un total de 15.000 membres. L’intensification
du recrutement a suivi les succès de l’État islamique en Irak où l’organisation
s’est emparée d’un stock important d’armes américaines.
Tout semble indiquer que l’État
islamique veut s’étendre au-delà de l’Irak et de la Syrie et de prendre une
envergure planétaire qui le ferait rivaliser avec Al-Qaïda.
En Indonésie, des milliers de
djihadistes ont fait serment d’allégeance au dirigeant de l’État
islamique, Abou Bakr Al-Baghdadi, après une campagne agressive de recrutement
menée par l’organisation dans les 16 provinces de l’archipel. À Aceh, province
située dans l’ouest du pays, on a pu observer une infiltration massive de
terroristes partisans de l’État islamique.
Un homme identifié comme étant
Abu Jundullah, et qui serait le chef du mouvement islamiste à Aceh, a déclaré
que son organisation s’était placée sous l’autorité directe d’Al-Baghdadi. Abu
Jundullah a également précisé que son mouvement ne déclare pas être la branche
indonésienne de l’État islamique.
L’État islamique publie un
magazine djihadiste, Al-Mustaqbal,
qui a été diffusé dans la province indonésienne de Java.
Cette publication est semblable au magazine Inspire
diffusé par Al-Qaïda dans la péninsule Arabique. Les dirigeants indonésiens et
de la Malaisie voisine sont particulièrement inquiets. Ces sept derniers mois, la Malaisie a
arrêté 19 suspects ayant des liens avec l’État islamique. Ces derniers ont dit
à la police qu’ils avaient projeté de s’attaquer au gouvernement malaisien, aux
nightclubs et aux bars de Kuala Lumpur ainsi qu’à une brasserie Carlsberg
située à Petaling Jaya.
Une série de descentes de police
effectuées dans la province indonésienne du Java oriental a conduit à d’autres
arrestations de terroristes de l’État islamique et à la saisie d’armes, de
drapeaux de l’État islamique et d’écrits faisant l’apologie du djihad.
Dans les îles voisines des
Philippines, des djihadistes ont également manifesté leur soutien à l’État
islamique. Ces dernières semaines, ce sont des djihadistes d’Abou Sayyaf aux
Philippines, suspectés d’avoir des liens avec Al-Qaïda, qui ont
fait allégeance à Baghdadi. Un porte-parole du groupuscule
des Combattants islamiques pour la liberté de Bangsamoro (en anglais, BIFF) a déclaré à l’Agence France Presse que son
organisation était alliée avec Baghdadi et l’État islamique.
En Espagne, des djihadistes de la
mouvance de l’État islamique ont manifesté leur désir de faire revenir
l’Espagne à son passé islamique. En juin, l’un d’eux a publié sur Twitter une photo du drapeau noir de l’État
islamique face au palais médiéval de l’Aljaferia à Saragosse avec l’inscription
« Nous reviendrons pour toi #Andalousie. Soutien en #Espagne. »
Jeudi, les autorités espagnoles
et marocaines ont arrêté neuf hommes suspectés de recruter des
djihadistes au bénéfice de l’État islamique.
« Le réseau qui a été
démantelé était actif dans le recrutement, le soutien financier et l’envoi de
djihadistes au profit de l’organisation terroriste État islamique », selon
la déclaration du ministre espagnol de
l’Intérieur.
En Jordanie, un groupe salafiste
portant le nom de « Fils de l’appel au Tawhid et au Djihad » a proclamé sa loyauté envers Baghdadi. Cet
organisme, qui compte 6000 membres, pourrait devenir la cinquième colonne de
l’État islamique en Jordanie. Les inquiétudes se multiplient dans ce pays qui pourrait
devenir la prochaine victime de l’État islamique. Une vidéo apparue en juillet et montrant des
salafistes dans la province de Zarqa en train de proclamer leur loyauté envers
Baghdadi n’a fait qu’ajouter au malaise.
Au début de ce mois, le
politologue et ancien ministre jordanien, Taher Al-Adwan écrivait : « Nous devrions toujours
nous rappeler que l’État islamique est présent sur notre flanc oriental (dans
la province irakienne de Anbar) et grandit dans l’est et le sud de la
Syrie. »
Al-Adwan a également appelé les
autorités jordaniennes à accorder plus d’attention au renforcement du front interne
contre une possible incursion de l’État islamique. Les autorités jordaniennes
font face à une recrudescence d’appel de ses citoyens à agir contre les
djihadistes pour s’assurer que l’État islamique ne pose ne fut-ce qu’un seul
pied dans le royaume.
Malgré ces avancées de l’État
islamique, la plupart des dirigeants d’Al-Qaïda se sont montrés peu enclins à
rompre avec Ayman Al-Zawahiri et à reconnaître Al-Baghdadi comme calife. Les
prétentions d’Al-Baghdadi ont été accueillies avec mépris par les dirigeants de
nombreux franchisés d’Al-Qaïda. Abu Qatada, un religieux lié à Al-Qaïda en
Jordanie, a accusé Al-Baghdadi de « déviation »
et a émis une fatwa déclarant « nulle et non avenue » la proclamation
du califat.
Al-Qaïda dans la péninsule
Arabique (AQPA) a coupé court au soutien à Al-Baghdadi en tant que calife mais
cela ne l’a pas empêché de faire l’éloge de l’État islamique. La semaine
dernière, l’AQPA a appelé à combattre les États-Unis et s’est déclaré solidaire avec l’État islamique face aux
frappes aériennes américaines en Irak.
Le mois dernier, c’est le chef de
Boko Haram, Abubakar Shekau, qui a déclaré de vive voix son soutien à Al-Baghdadi peu après la
proclamation du rétablissement du califat.
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